Le bon docteur Fauqué, maire républicain de 1884 A 1919

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Essayons de sortir du presque oubli Louis Fauqué, 1853-1933, mort à Mauvezin le 12 septembre 1933 à son domicile, rue de l'Eglise à laquelle on a donné son nom. On avait même perdu son portrait.

 Louis Fauqué est né le 17 juillet 1853 à Barcugnan, canton de Miélan, où son père Joseph, 31 ans, est percepteur. On ne sait rien de la jeunesse de Louis Fauqué, premier né d'un petit notable rural. En 1884, on le trouve installé comme médecin à Mauvezin, il a 30 ans. La mairie est tenue par les Bonapartistes depuis le début du Second Empire. En 1855, le docteur Candelon a été nommé maire par le pouvoir, il l'est toujours en 1884. L'emprise des Bonapartistes dans le Gers reste forte. Aux élections municipales de mai 1884, la majorité municipale bascule définitivement du côté républicain, le 18 mai Louis Fouqué, pourtant nouvel élu, l'emporte par 12 voix contre 5 à Osmin Barailhé notaire. Michel Quénard et François Abadie sont élus adjoints. En 1884, Mauvezin compte trois médecins, Candelon, Fauqué et Labarthe, deux pharmaciens Bru et Maffre, trois sage-femmes Mmes Cadours, Passerieu et Duffort, un vétérinaire Garros (annuaire départemental aux A.D 32). Louis Fauqué est délégué départemental de l'enseignement primaire, bientôt conseiller général.

Les souvenirs de nos grands-mères évoquent un médecin très apprécié. C'était l'époque où le docteur rendait beaucoup de visites à domicile, quand on l'appelait mais aussi pour suivre ses patients. Faute de Sécurité sociale, la visite-consultation était à la charge de la famille, certains avaient une sorte d'abonnement, d'autres payaient en nature, ou à crédit. Le docteur Fauqué avait la réputation d'être peu exigeant pour les pauvres. Ceux qui étaient déclarés "indigents" par la commune bénéficiaient d'une gratuité, de la part des docteurs Fauqué et Espiau contre un abonnement annuel de 75 F par an, pour une durée de cinq ans, pris sur le budget communal (délibération municipale du 22 novembre 1911). Le docteur Fauqué se déplaçait avec une voiture à cheval, sa jument avait une telle habitude du trajet retour qu'elle a pu parfois le ramener alors qu'il piquait un petit somme sur son cabriolet à la fin de sa vie. Il a laissé le souvenir d'un notable débonnaire, coiffé d'un chapeau melon (Mme Junyer).

Son action municipale apparaît plus détaillée dans le chapitre "Mauvezin à la Belle Epoque". On peut en retenir quelques aspects majeurs. D'abord son soutien ferme à l'école publique, que les lois Ferry venaient de créer. Il est le promoteur du groupe scolaire inauguré en 1891, après des péripéties nombreuses. Défenseur de la laïcité, qui est neutralité mais aussi tolérance, il la pratique sans sectarisme, ce qui était délicat à Mauvezin. La dualité religieuse de la ville aurait pu créer de graves tensions, comme l'affaire du cimetière qui dure de 1897 à 1904 le démontre. La communauté protestante, désormais largement minoritaire, est un des fermes soutiens de la République. Le docteur Fauqué a le souci constant de la modernisation de la commune, avant-gardiste par plusieurs aspects : abattoir moderne, entretien des chemins vicinaux, élargissement de la RN 128 et de la rue de la République, création de water-closets, arrivée du téléphone en 1900, puis installation pionnière de l'usine électrique pour un réseau public et privé communal dès 1905. La question de l'enseignement privé, puis de la séparation des Eglises et de l'Etat, entre 1902 et 1907, crispe le débat municipal, avec recours aux votes à bulletins secrets et même absentéisme aux séances du Conseil municipal. Le docteur Fauqué fait preuve de pragmatisme et de calme, en soutenant le principe d'hospitalisation du couvent, apportant son appui aux sœurs de Nevers qui se sont toujours acquitté du service de soins à la satisfaction de tous. Il lance, dès 1909, une étude concernant l'eau potable. Elu Conseiller général en 1892, il contribue au basculement du département dans le camp républicain, avec l'élection du maire de L'Isle-Jourdain Thoulouze comme président de Conseil général. Pendant la Grande Guerre, le maire accompagne les gendarmes auprès des 80 familles quand on doit leur annoncer la triste nouvelle concernant le fils ou l'époux. La commune doit réduire ses ambitions, les recettes et les subventions sont en forte baisse.

Les élections du 30 novembre 1919 voient Jean Philip lui succéder. On peut le considérer comme l'héritier du docteur Fauqué, qui reste membre du Conseil municipal à majorité républicaine. Honorons sa mémoire 90 ans après sa mort, avec son portrait retrouvé.                      

  D. Marcadet  2023

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