A la mairie, une belle assistance pour cette rencontre organisée par "Les amis de l'archéologie et de l'histoire" autour du plan cadastral de Mauvezin de 1826. Beaucoup ne l'avaient jamais vu. Le cadastre est créé par Napoléon 1er en 1807, il a fallu 30 ans pour couvrir toute la France. C'est une conquête révolutionnaire, car il concrétise l'égalité fiscale. Les "Biens nationaux", confisqués au clergé et à la noblesse, achetés par bourgeois et ruraux sont gravés dans le marbre.
Daniel Marcadet laisse d'abord un temps d'observation, souvent admirative devant la qualité et la précision du travail. Il commence ensuite à décrire et commenter, en faisant d'abord un tour extérieur du bourg-centre, ancien castelnau avec un quartier d'artisans embastidé à ses pieds au XIIIème siècle. L'emplacement des anciennes murailles est bien visible, la ville n'a pas encore débordé de ce périmètre. La RN 128, la "route neuve" vers Auch par la vallée de l'Arrats, n'est pas encore tracée au milieu des jardins. On compte encore bon nombre de mares, appelées "flaques", autour de la ville. Elles deviendront au XIXème siècle des puits, fontaines, abreuvoirs et lavoirs. Une seule est sur le plan de 1826, la "Hountète", en basse-ville. La commune dispose, sur le plateau, de terrains disponibles, l'esplanade du château détruit, le Plan de Barbazan, de nombreux jardins, prés et vignes.
A l'intérieur du bourg, quelques grandes différences à observer. L'église paroissiale Saint Michel y apparaît séparée du clocher par une petite place, à l'étonnement de certains. C'est le passé religieux agité de Mauvezin qui en est la cause. Au Moyen-Age l'église occupait tout l'espace, le clocher surplombait le porche. Les protestants, qui avaient fait de Mauvezin la "petite Genève", lui ont fait subir des destructions qui l'ont largement amputée en 1597. Ils créent leur premier temple calviniste à côté. L'église sera restaurée en 1624, mais reste réduite. Ce n'est qu'après 1828 que l'église moderne sera construite, et à nouveau rattachée au clocher. En même temps, le temple protestant moderne que nous connaissons était bâti devant le foirail. Il y a donc eu à Mauvezin trois églises et trois temples successifs.
On peut remarquer qu'en 1826 la future rue Victor Hugo Ouest-Est existait déjà dans la RD 8. Mais c'est le chantier de l'église, sur son trajet, qui va en faire une voie d'accès moderne, par un grand aménagement : Trois escaliers, un puits en 1829, la fontaine du Curé, une rampe mieux accessible aux lourdes berlines, et un raccordement aux autres rues.
La Place royale est entourée en 1826 de couverts, comme aujourd'hui, les piliers sont matérialisés par des points. Après 1804, la vieille halle a été agrandie, au Sud, gagnée sur la place, d'une travée supplémentaire de cinq piliers. La mairie avait déjà migré de sous la halle vers le milieu du côté Ouest de la place. Elle sera entièrement reconstruite et agrandie après 1862 pendant le mandat du Docteur Candelon. Un alignement de couverts, appelés "hangars", remontait le long de la rue de Toulouse, aujourd'hui de la République. On les détruira à la fin du siècle, car deux grosses voitures ne pouvaient se croiser les jours de foire. Marchés et foires, avec l'octroi, ont constitué longtemps une bonne part des recettes municipales. Il faudra aussi élargir l'accès Nord de la place par une autre expropriation-destruction.
Les noms de rue ont fait l'objet d'une révision générale par la municipalité républicaine nouvellement élue du Docteur Fauqué, en 1886. Sont rebaptisées les rues de la République, Concorde, Liberté, mais aussi Thiers, Gambetta, V. Hugo, Alsace-Lorraine, et Carnot en 1900 après son assassinat. On dresse aussi une grande croix sur le foirail. La même année, on crée l'abattoir au bord de l'Arrats. Rapidement viendront d'autre grands équipements collectifs, le groupe scolaire en 1891, la gendarmerie, avant les grands aménagements du XXème siècle.
Les personnes intéressées ont pu ensuite découvrir les autres secteurs de la commune, Lamothe, Engalin, en Dalavat ou en Barjalé, alors de vrais hameaux encore groupés et peuplés.
Mauvezin en 1826
A cette date, le vieux castelnau et son « barri » de basse-ville ne sont pratiquement pas encore sortis des anciennes limites de ses vieilles murailles, pourtant détruites au XVIIIème siècle, comme les portes fortifiées qui donnaient accès à la ville close. L’étirement le long des grands axes routiers sera l’œuvre du XIXème siècle, à partir du Second Empire surtout. Le Plan de Barbazan, au Nord, reste entièrement libre de constructions, qui ne commenceront que par une première opération d’urbanisme en 1835. En prolongement de la rue d’Uzac (Gambetta), quelques premiers immeubles au départ de la route royale vers Montauban. Seront rapidement, à partir de 1828, construits ou reconstruits le temple protestant, c’est le troisième, devant le foirail, et une nouvelle église plus grande (c’est aussi la troisième), rattachée à nouveau au vieux clocher médiéval, alors que sur le plan elle en paraît séparée par une petite esplanade. La place du château vicomtal est libre de toutes constructions, c’est assez surprenant car l’esplanade n’a été arasée qu’en 1858 (registre municipal), on pouvait penser y trouver encore quelques vieux bâtiments, hangars et écuries par exemple. La disposition générale des rues et des routes d’accès à la ville a peu évolué, à l’exception de la future « route royale » vers Aubiet depuis la place, qui n ‘existe pas encore. La traversée Est-Ouest emprunte la rue de Toulouse (République), puis à partir de la « Place royale », on trouve déjà tracée la R.D 8 (tracé actuel de la rue Victor Hugo). Cette route royale rejoint Auch par Nougaroulet. La grande place est entourée de couverts, dont les piliers apparaissent sur le plan, comme les piliers de la halle, avec leur rangée supplémentaire au Sud, qui bloque l’accès de la « Petite rue » (des Fleurs). La mairie actuelle devra attendre le Second Empire, pour être reconstruite. La « Grande rue », puis de la Réthourie (Dr Fauqué) doit déjà être bordée de ces hautes maisons bourgeoises avec leurs « mirandes ». En bas de cette rue, à gauche, un petit alignement de couverts encore en place (rue de la brèche). Un deuxième alignement de couverts a disparu, celui du bas de la rue de Toulouse, dont apparaissent les piliers des « hangars », démolis à la fin du XIXème siècle « car deux voitures ne peuvent se croiser », coût 24000 F. Le Sud est encore peu urbanisé, probablement occupé par des jardins. L’ancien couvent des Dominicains ou Jacobins conserve son église délabrée, la crise révolutionnaire l’a désaffectée. Il va retrouver une nouvelle vie d’assistance, avec un « asile » et une école religieuse. Dans la ville, plusieurs puits, fontaines et lavoirs. La fontaine de la Hountète apparaît sur le plan, à l’inverse du puits de l’église 1829 et de la fontaine du curé, un puits transformé en fontaine en 1851. Elles font probablement partie des aménagements considérables qui ont concerné ce quartier lors de la reconstruction de l’église paroissiale Saint Michel, commencés en 1828 et terminés en 1832. La fontaine-lavoir de Courrèges est construite en 1836, le lavoir de Saint Cère en 1859. La commune compte trois moulins sur l’Arrats, au Plan, en basse-ville, et à Engalin, et trois moulins à vent qui les relaient en été, à Gourdou et au Moulin-haut, restaurés, et sur le plateau, au Nord, ruiné, sur le « chemin des cinq moulins ». La Pécoure a encore sa « flaque », une mare, avant la fontaine du bourreau, comme le Buguet, et Courrèges au Sud.