Première exposition de la rentrée, premiers frimas, retour à nos rendez-vous, au plaisir de nous retrouver, au partage de nos regards, aux mots qui glissent sur les toiles. Etre ensemble, vivre ces instants pleinement, enfin nous voir.
Le vernissage de l'exposition de Marion Robert - Souvenir d'un temps présent - a eu lieu le vendredi 22 octobre en présence de l'artiste.
La galerie restera ouverte jusqu'au 21 novembre du vendredi au dimanche.
La peinture de Marion Robert joue de l'ambivalence. Elle se situe entre le figuration et l'abstraction.
L'ensemble paraît parfois violent : sentiment provoqué par l'usage des teintes saturées des poses décalées des personnages, mais des lignes construisent et suggèrent et des images qui rassurent.
Une forte impression de liberté se dégage des tableaux de cette jeune artiste qui travaille beaucoup les transparences et les contrastes.Des zones sombres posées comme des pendants aux éclats de lumière, des lignes suggérant des silhouettes, des visages indistincts , un fauteuil, une chaise : l'oeuvre tourne autour de réminiscences et de tableaux que nous pourrions avoir déjà vus. La singularité de Marion Robert réside dans la fragmentation et le chevauchement des couleurs qui nous font perdre nos repères.
Elle met en scène un monde étrange sans pour autant nous en donner toutes les clefs. Les personnages énigmatiques, les semblants d'étoffes, les indices ne sont là que pour retenir le regard et mieux le duper. Nous croyons être dans le réalité alors qu'elle nous entraîne dans un monde d'illusion.
Les compositions souvent classiques – on pense à des portraits de famille – révèlent les intentions du peintre : pratiquer l'expressionnisme abstrait sans succomber à la tentation d'abuser de ses systèmes. A la fin les personnages, seuls ou en groupe, sont installées dans un espace qui paraît se concrétiser autour d'eux. Ils apparaîssent mais se dérobent aussitôt. Nous croyons les saisir pouvoir expliquer leur présence, ils se sont déjà transformés, partis ailleurs en emportant nos tentatives d'éclaircissement.
Car ces portraits, ces corps et les interventions sensées donner une explication ne sont pas préexistantes, ils viennent soutenir le tableau de leur présence.
Nous découvrons alors des paysages oniriques qui mêlent les figures et le fond, qui réconcilient l'humanité avec une nature sublimée, saturer de vibrations. Nous avons devant les yeux des images de jardins et des massifs de fleurs, des explosions colorées qui expriment toute la jouissance de la création.
PJack Essirard.