"L’apparition des villes neuves en France, comme en Europe, au XIe siècle, est un fait d’importance capitale dans notre continent. Cette importance vient d’abord de ce qu’il est commun à l’ensemble du continent, bien qu’il ait revêtu des formes différentes selon les pays ; elle vient, ensuite, de ce que les créations de villes neuves ont duré jusqu’au XVe siècle, avec des alternatives d’activité intense ou de ralentissements selon les temps et les pays ; elle provient, enfin, de ce que ces créations manifestent des changements profonds dans les populations européennes durant toute cette période : accroissement notable d’une part, déplacements fréquents de l’autre, ces derniers manifestant la grande instabilité de ces populations et pouvant être rattachés aux mouvements plus connus qui sont les croisades et les pèlerinages qui, du milieu du XIe siècle à la fin du XIIIe siècle, ont entraîné les foules sur les chemins de l’Espagne et de l’Orient.
Importante par ses causes, l’apparition des villes neuves ne l’est pas moins par ses effets. Cette multitude de villes, de tailles très différentes, allant du village rural à la grande ville, a donné aux pays d’Occident un aspect nouveau qui, à peu de choses près, est celui que nous lui voyons aujourd’hui. De plus, les nouveaux centres de population sont devenus des centres d’attraction et ont contribué à créer des nouveaux courants de circulation, suivis par les hommes et les marchandises ; ils sont, ainsi, à l’origine de l’essor économique de l’Europe des XIVe et XVe siècles".
Odon de Saint-Blanquat : Commentaires de l’exposition itinérante réalisée par l’I.P.N. [1] en 1960.
Ancien archiviste de la ville de Toulouse et grand spécialiste de l'histoire des bastides, il a rédigé une thèse, présentée en 1941 à l'École Nationale des Chartes, qui a renouvelé complètement l'étude du phénomène des bastides de l'espace aquitain ; le livre ne sera connu du grand public qu'en 1985.
À Valence-sur-Baïse, pénétrez dans l’Espace-Bastides, 20 Grande Rue, et, grâce au Club des Motivés remarquablement conseillés par des historiens, universitaires et chercheurs sans qui rien n’aurait été possible, vous ferez connaissance avec ces centres de peuplement qui ont donné, à l’habitat de notre région, le visage que nous lui connaissons aujourd’hui.
[1] : L'Institut Pédagogique National ensuite transformé en INRP - Institut national de recherche pédagogique - À la dissolution de ce dernier, à compter du 1er janvier 2011, c'est l’Institut Français d’Éducation (IFE) qui prend la suite de l’INRP, en tant que composante de l’École normale supérieure (ENS) de Lyon.