À Condom, en cette matinée d'automne ensoleillée, la députée Gisèle Biémouret a été la première à déposer une gerbe devant le carré militaire du cimetière de Condom.
Elle est venue accompagnée à cette occasion par Nathalie Rata et Claudine Giraud, toutes deux également conseillères municipales de la ville.
Si les conditions avaient été autres et que cette commémoration se soit déroulée comme chaque année, en présence d'un public voulant honorer les victimes de la guerre 14-18, la députée du Gers aurait pu lire son texte rédigé en l'honneur de tous ces morts :
Le lundi 11 Novembre 1918, à 11 heures, dans les églises de France, les cloches sonnaient à pleine volée. À cet instant, dans les tranchées, les clairons s’empressaient de sonner le cessez-le-feu, tandis que la Marseillaise retentissant du fond des poumons des Poilus. La première guerre mondiale, terrible tragédie communément dénommée la « Grande Guerre » prenait fin.
Après 1561 jours de combats meurtriers, épuisés, ils assistaient à l’acte final d’un cataclysme, gravé dans l’histoire de l’humanité. Sur 35.000 Gersois mobilisés, 8.500 ont perdu la vie, plus de 10.000 ont étés blessés ou mutilés. 1.500 prisonniers en Allemagne ne rentreront que début 1919.
Que reste-t-il des tragédies du passé lorsque les derniers témoins ont disparu ?
Que reste-t-il de la douleur de ces millions de familles qui, ce jour-là, eurent à vivre dans le deuil, la paix retrouvée ?
Il nous reste l’Histoire ; la force des récits qui disent l’indicible.
Il nous reste la mémoire et l’inégalable puissance des témoignages d’archives. L’Histoire n’est pas qu’une discipline scolaire, elle n’est pas non plus qu’une opinion, elle est surtout la mémoire d’un peuple. C’est pour cela que nous devons entendre, si ce n’est écouter, les témoignages des anciens combattants. Leur parole est inestimable, parce que rare. Tous portent des messages de paix car ils ont connu l’insoutenable. Ils nous rappellent qu’il n’y a qu’un seul combat qui vaille la peine d’être mené, celui de la paix.
Comme le rappelait Simone Veil, elle qui fut plus que tout autre victime, témoin et actrice de l’Histoire, « il n’a pas de mémoire sans transmission ». Transmettre, c’est aussi prémunir des affres de l’histoire. Les générations de demain doivent savoir qu’il fut un temps où des Français se battaient pour ne pas tomber sous le joug d’une puissance étrangère, pour rester libres de leur destin.
Aujourd’hui, le tragique resurgit, en France, et j’ai une pensée pour Samuel Paty. Je tenais à associer son nom à notre commémoration. Car il faut se dire que oui, aujourd’hui encore, l’extrémisme et l’idéologie peuvent conduire des hommes à commettre l’irréparable. Ces puissantes forces de désintégration nous enjoignent à toujours raviver la flamme des valeurs qui animent notre pays depuis des siècles.
Il nous reste également notre capacité à nous rassembler – comme nous le faisons ce matin – pour nous souvenir, et ensemble rendre hommage à ceux qui ne sont plus. Car nous sommes leurs petits-enfants, leurs arrières petits-enfants et leur sacrifice a forgé notre identité collective. Quelles que soient nos origines, quelles que soient nos convictions ou nos croyances, nous sommes toutes et tous les héritiers de l’Histoire.
En ce jour de commémoration, nous rendons aussi hommage aux valeurs de paix et de fraternité afin de ne jamais revivre des tragédies aussi sanglantes que la première guerre mondiale. Au quotidien veillons à opposer nos réponses de paix et de progrès à tous ceux qui voudraient nous engager dans une marche arrière de l’Histoire.
En ces temps fragiles, où les hommes doutent, recherchons toutes les valeurs de partage, d’entraide, d’écoute, de solidarité et de tolérance qui concourent à établir et protéger la paix pour tous.
Plus que jamais, ensemble, préservons nos valeurs républicaines et citoyennes.
Plus que jamais, restons attachés à notre Histoire, apprenons là et soyons-en fiers.
Vive le Gers, Vive la République et Vive la France !