L'équipe de Tempo Latino annonçait hier l'annulation du festival 2020 en raison de la crise sanitaire.
Jean-François Labit, président de Tempo Latino, a accepté de répondre aux questions du Journal du Gers.
Échanges :
Le Journal du Gers : Pourquoi avoir été parmi les derniers à annoncer l’annulation du Festival après la féria de Vic, Jazz in Marciac… ?
Espériez-vous pouvoir proposer un festival même sous une forme plus réduite ?
Jean-François Labit : Par respect pour les institutions, Il était important pour nous d’avoir le positionnement de l’exécutif sur la tenue des festivals.
Dès la déclaration du premier ministre, le 28 avril, nous avons fait acter l’annulation de l’édition 2020 par le conseil d’administration Tempo Latino et l’avons communiquée.
À notre sens, il ne servait à rien de se précipiter avant l’annonce officielle à trois mois du festival, d’autant plus que seul un cas de force majeure nous permettait de respecter nos engagements contractuels.
Néanmoins, dès le début du mois d’avril, nous avions envisagé plusieurs hypothèses en fonction des possibilités de se rassembler ou pas et de l’ouverture de l’espace Schengen (2/3 de la programmation de Tempo est issue de groupes hors CEE). Cela allait de la tenue du festival à son annulation en passant par des versions réduites.
Le Journal du Gers : Vous n’aviez pas encore annoncé la programmation complète du Festival. Pouvez-vous nous la dévoiler aujourd’hui ?
Jean-François Labit : Il manquait effectivement la soirée du dimanche qui devait accueillir Alain Perez, figure actuelle de la timba à Cuba, après avoir travaillé avec plusieurs noms de renommée mondiale (Celia Cruz, Irakere, Los Van Van) ; il développe avec son propre orchestre une musique métissée (latin Jazz, son, timba…)
La soirée devait se poursuivre avec le retour en France d’Issac Delgado pour la première fois à Tempo latino. figure de proue de la musique populaire cubaine, il devait se produire avec ses treize musiciens pour nous interpréter son nouvel Album.
Le Journal du Gers : Le concert à l’église de Joachim Horsley Music avait été un énorme succès l’an passé. Aviez-vous prévu de renouveler l’expérience lors de l’édition 2020 ?
Jean-François Labit : Effectivement, en plus d’avoir été très apprécié, ce concert nous avait permis d’ouvrir notre audience à des personnes qui ne venaient pas ou plus au festival.
C’est un lieu spécial dont la sonorisation est un vrai casse-tête mais qui donne une dimension intimiste au concert.
Nous avons pour objectif d’organiser à nouveau des concerts dans ce lieu si la prestation artistique s’y prête.
Cette année Brenda Navarette était prévue en quintet.
Le Journal du Gers : Les groupes qui viennent à Vic, sont en général en tournée. Avez-vous des informations sur le maintien ou annulation de leurs concerts ?
Jean-François Labit : Certaines agences ont effectivement été contraintes d’annuler les tournées de leurs artistes en Europe. Nous avons beaucoup échangé, avec eux, ces derniers jours jusqu’à ce que la décision d’annulation soit confirmée.
Le Journal du Gers : Sans rentrer dans les détails, quelles vont être pour l’association les conséquences financières de cette annulation ?
Jean-François Labit : Les recettes de Tempo sont issues du festival ou de sa bonne exécution, à partir de là, nous ne pouvons donc envisager de recettes cette année.
Même si certaines dépenses directement liées à l’évènement seront écartées, il n’en demeure pas moins des charges fixes à honorer.
La bonne affluence aux arènes et sur le site de Tempo en 2019 devrait nous permettre l’organisation d’une édition 2021 mais sans aucune marge de manœuvre.
Le Journal du Gers : Dans votre communiqué, vous évoquez les difficultés pour organiser l’édition 2021. Pouvez-vous préciser de quelles difficultés il s’agit ?
Jean-François Labit : L’organisation du festival implique, au-delà de l’association, des professionnels, des prestataires, des partenaires pour la plupart locaux.
Cette crise va énormément fragiliser le secteur de la culture, qui se dirige vers une année blanche, combien de ce secteur d’activité vont passer le cap ?
Plus généralement, tous les domaines économiques vont être touchés, et l’épisode qui arrive, va laisser des traces, quelle sera la place que l’on désire donner à la culture après cela?
Le Journal du Gers : Envisagez-vous de conserver la même programmation en 2021 ? Et la même affiche ?
Jean-François Labit : Pour la programmation, c’est ce que nous souhaitons et c’est en cours de négociation, mais il faudra voir, avec les artistes, leurs disponibilités en Europe.
En ce qui concerne l’affiche, est ce qu’elle doit vivre son histoire avec Tempo ou devenir collector ?
À ce jour nous ne le savons pas mais de la même façon qu’elle est une carte blanche à l’artiste qui y exprime sa vision de Tempo, son avis sera nécessaire pour décider.
Le Journal du Gers : Vous avez proposé en décembre des Pack Tempo à l’aveugle (pass 3 jours). En avez-vous beaucoup vendu ? Pouvez-vous déjà préciser les modalités de remboursement ? Même question pour les places de concert déjà vendues.
Jean-François Labit : Depuis maintenant quelques années, nous proposons un pass trois soirs avant les premières annonces de programmation.
D’année en année, ce pass s’est installé et a vu son succès grandir, c’est une marque de confiance de la part des festivaliers dont nous sommes très fiers.
De la même façon qu’ils ont été achetés, ils seront remboursables directement via notre prestataire de billetterie. Toutes les informations sont désormais en ligne sur notre site (www.tempo-latino.com) , les détenteurs de billets pourront choisir entre un remboursement ou un don à Tempo Latino.
Le Journal du Gers : Les stages de danse et de musique étaient-ils complets ? Que va-t-il se passer pour les inscrits? Envisagez-vous de reporter ces stages un peu plus tard dans l'année?
Jean-François Labit : Il restait encore quelques places pour les stages de danse et de musique, les inscrits sont d’ores et déjà informés de l’annulation et ils seront remboursés.
Ces stages s’inscrivent dans la globalité du festival et ne seront donc pas reportés dans l’année.
Le Journal du Gers : Si la situation sanitaire s’améliore, envisagez-vous de proposer un ou des concerts à l'automne, à l’église par exemple ?
Jean-François Labit : Ce n’est pas d’actualité, mais ça pourrait être une option.
Pour l’heure, nous préciserons le prochain rendez-vous et dès que possible l’assemblée générale qui n’a pu avoir lieu, et peut être une surprise aux dates du festival 2020 (qui respecterait bien sûr la distanciation sociale de circonstance).