Le cirque Landri : une histoire de famille depuis six générations

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À Vic-Fezensac, la place du foirail semble bien vide aujourd’hui. Plus de chapiteau, plus d’animaux exotiques, plus de caravanes rouges. Le cirque Landri a repris la route pour de nouvelles aventures.

Le Journal du Gers a eu la chance de pouvoir échanger avec le patriarche de la famille, un personnage haut en couleurs et plein de sagesse.

Le Journal du Gers : Quelle est l’origine de votre cirque ?

Monsieur Landri : Mes petits-enfants sont la 6e génération d'artistes de cirque. Mon arrière grand-père était italien. Il était venu à Marseille dans l’idée de rejoindre l’Amérique. Finalement, il est resté en France après une escapade en Angleterre, puis en Espagne où il est resté 5 ou 6 ans.

Mon père est né à Puichéric dans l’Aude, il est né pour ainsi dire dans le fossé ! On circulait à l’époque en carriole tirée par des chevaux. La famille faisait la route entre Narbonne et Carcassonne quand ma grand-mère a senti que mon père arrivait.

Mon grand-père s’est arrêté sur le bord de la route et ma grand-mère s’est allongée dans l’herbe !

Ils se sont arrêtés un temps à Puicheric. Comme on était en temps de guerre, les chevaux étaient réquisitionnés. Mon grand-père a alors prêté son dromadaire au maire de la commune pour qu’il puisse labourer les vignes.

Le cirque Landri a beaucoup tourné dans cette région avec un numéro de trapèze particulièrement apprécié « l’échelle de la mort ».

Puis mon père a rencontré ma mère. Nous étions 5 enfants. Mon grand-père, mon père et ses frères avaient un cirque très important, puis ils se sont dissous et mon père a monté son propre cirque, mais à plus petite échelle.

Ensuite, mes deux frères et moi avons monté un cirque très important avec des éléphants, des girafes.

À l’époque, il y a une quarantaine d’années, la mairie d’Agen nous faisait venir tous les hivers.

Ensuite, avec les enfants de chacun, cela faisait une très grande famille et on s’est séparé. Chacun a monté son cirque de son côté.

Là est arrivée une période difficile pour le cirque avec la polémique sur la soi-disant maltraitance animale.

Le Journal du Gers : Nous allions justement vous poser une question sur le projet d’interdire les animaux dans les cirques.

Monsieur Landri : Ceux qui nous accusent de maltraitance, ne savent pas comment sont traités les animaux du cirque. Chez nous, il n’y a pas de commerce. Quand on a un animal, on le garde jusqu’au bout. J’ai une vache qui a plus de 20 ans qui ne me sert à rien mais je la garde. J’ai des chevaux aussi que je vais garder par amour.

Nous, les gens du cirque nous sommes des passionnés et des amoureux des animaux. Nous avons un suivi vétérinaire et des certificats de bonne santé.

Nous, les premiers sommes révoltés par la maltraitance animale, par les abandons...

Il ne faut pas juger quand on ne sait pas…

Certaines municipalités nous refusent l’accès de leur ville pour ne pas contrarier les animalistes de leur village.… Ce n’est pas légal, mais nous ne pouvons rien faire car il nous faudrait les attaquer au tribunal et on ne veut pas rentrer là-dedans. C’est révoltant et cela nous blesse...

Le Journal du Gers : Quels sont les membres de votre troupe ?

Monsieur Landri : C’est un spectacle entièrement familial : mon fils, ma belle-fille, mes petits-fils et moi-même.

Le Journal du Gers : Où se déroule votre tournée ?

Monsieur Landri : Tous les ans pour Noël, nous sommes à Montauban depuis 15 ans. Autrement, nous circulons essentiellement dans la région du Sud-Ouest. Nous venons de Condom, puis de Fleurance.

Nous serons mercredi 4 mars à Barcelonne-du-Gers place du foirail, puis à Riscle le 7 et le 8 mars, à Aire-sur-Adour le 11 et le 12 mars, le 14 et le 15 mars à Villeneuve-de-Marsan.

Le Journal du Gers : Quel est le programme de votre représentation ?

Monsieur Landri : Nous avons des numéros avec des animaux, des lionnes d’abord qui sont très âgées qui sont nées au cirque et ont été élevées dans les bras de mon fils qui présente le numéro, puis des chamelles, des lamas, des chevaux. Il y a même un numéro de chat présenté par ma belle-fille.

Mon petit-fils Victor présente un numéro de Rola Bola, un numéro d’équilibre sur une planche posée sur un cylindre.

Il y a les clowns bien sûr, les clowns dans la tradition des vrais clowns d’autrefois, de la magie aussi, du jonglage.

Le Journal du Gers : Et vous, quel est votre rôle ?

Monsieur Landri : J’ai commencé comme dompteur. Mon père m’a fait un unique cadeau dans la vie : il m’a offert trois hyènes tachetées et il m’a dit : « Toi, mon garçon, comme tu es assez costaud, tu vas faire le dompteur.». On ne pouvait pas dire non à mon père ! Quand mon père disait quelque chose, il fallait obéir ! Je m’en suis vu mais, avec de la patience, j’ai réussi à monter un numéro avec ces hyènes que je présentais dans une cage circulaire. Je suis d’ailleurs un des derniers dresseurs, en France, à avoir présenté ce type de numéro. Puis j’ai continué avec des lions, des tigres, des panthères, des girafes, des éléphants. Et j’ai pratiqué toutes les grandes disciplines du cirque, le trapèze, la jonglerie, j’ai été antipodiste...

Aujourd’hui, je présente le spectacle, je suis le Monsieur Loyal et je me retrouve avec bonheur au centre de la piste avec mes petits-enfants qui font les clowns.

Le Journal du Gers : Quel est votre point de vue sur ce que l’on appelle « le nouveau cirque » ?

Monsieur Landri : Pour moi, ce n’est pas du cirque. Le cirque, c’est magique, c’est le chapiteau, tous les alentours, nos véhicules, les vrais clowns…. C’est un ensemble. C’est ça le vrai cirque.

Les numéros d’acrobate dans une salle de spectacle, ce n’est pas du cirque.

Et puis, il n’y a pas le contact avec le public, l’ambiance du cirque.

Le cirque, c’est du rêve...

Le Journal du Gers : Avez-vous constaté une baisse de fréquentation de vos spectacles ?

Monsieur Landri : Oui, la polémique sur les animaux surtout nous a causé beaucoup de tort, mais on constate que le public commence à revenir.

Le Journal du Gers : Vous voyagez toute l’année ou vous faites des pauses ?

Monsieur Landri : On s’arrête en janvier et en juin mais le reste du temps on est sur la route.

Le Journal du Gers : Quel est l’âge moyen de votre public ?

Monsieur Landri : Les parents amènent les enfants, mais ils participent autant qu’eux !

Le Journal du Gers : Est-ce que vous avez des aides financières ?

Monsieur Landri : Non, aucune ! On s’autofinance. Heureusement, on est polyvalent. C’est ce qui nous sauve ! On fait tout ! On fait les numéros mais on monte aussi le chapiteau, on répare les véhicules, on fait la publicité...

En revanche, le cirque moderne est financé, mais les artistes ne seraient pas capables de partir en tournée comme nous. Ils n’ont pas cette expérience du cirque traditionnel.

Le Journal du Gers : Il existe encore beaucoup de cirques familiaux comme le vôtre ?

Monsieur Landri : Il en reste mais beaucoup ont renoncé.

Certains de notre milieu se sont lancés dans d’autres spectacles qui marchent très bien comme les cascades, les dinosaures

Ce sont des spectacles qui demandent moins d’organisation mais qui sont plus rentables.

Nous-mêmes, comme je vous l’ai dit, nous avons dû nous séparer. Ce n’est plus possible qu’une grande famille puisse vivre du cirque.

Le Journal du Gers : Comment êtes-vous accueillis dans les communes ?

Monsieur Landri : Cela dépend des communes… Certaines refusent notre venue ou nous demandent des droits d’occupation exorbitants. C’est dommage…

Mais quand notre venue est acceptée, nous sommes très bien reçus comme ici, à Vic, où nous recevons toujours un accueil chaleureux.

Il faut défendre le cirque traditionnel pour qu’il ne disparaisse pas.

Je me bats pour cela. J’ai 14 petits-enfants et tous sont dans le cirque et c’est du bonheur.

 

Ce bel esprit de famille et cette passion, nous les avons retrouvés en assistant au spectacle du cirque Landri mené de main de maître par Monsieur Landri en Monsieur Loyal.

Le cirque Landri, c’est le cirque, le vrai avec son chapiteau, ses sièges rouges, ses costumes à paillettes, sa musique, ses lumières, l’enthousiasme du public, les étoiles dans les yeux des enfants.

Mention spéciale au jeune Victor, acrobate et jongleur qui vient d’être sélectionné lors d’ un concours de jeunes artistes et que l’on verra prochainement à la télévision sur France 3.

On a beaucoup aimé aussi les deux tout jeunes clowns pleins d’énergie qui occupaient la piste entre chaque numéro pour le plus grand plaisir du public.

C’est sur un numéro de clown traditionnel très réussi que le spectacle s’achève avec le fils Landri en clown à perruque, nez rouge, grandes chaussures, un clown, un vrai…

Alors dans la famille Landri, je demande le grand-père, le père, la mère et les trois enfants !

On ne vous en dit pas plus.

Délaissez vos écrans et allez voir le cirque Landri : non seulement vous passerez un excellent moment mais vous soutiendrez ainsi par votre présence sur les gradins la cause du cirque traditionnel.

Prochaines dates :

Mercredi 4 mars à 16 h à Barcelonne-du-Gers, place du Foirail

Samedi 7 mars et dimanche 8 mars à Riscle

Mercredi 11 mars et jeudi 12 mars à Aire-sur-Adour

Samedi 14 mars et dimanche 14 mars à Villeneuve-de-Marsan

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