Tous les vendredis, vous avez rendez-vous avec André Daguin, figure emblématique des cultures et de la gastronomie gasconne. L’ancien chef étoilé, qui a rejoint le Cercle des Aficionados de PresseLib’, prend sa plume pour vous.
Le Gascon est polyglotte. Mais avant de l’être, il a su imposer sa langue : on a parlé gascon à Londres avant d’y parler français, sans parler de la cour de France qui a longtemps gasconné avant d’adopter le français, mais avec l’accent gascon d’Henri IV.
On ne me fera pas croire que d’Artagnan ne parlait pas couramment l’anglais quand il lui a fallu récupérer à Londres les ferrets, faute desquels la Reine aurait été déshonorée publiquement au bal du Roi, après l’avoir été en privé par Buckingham. Et sans les ferrets, Dumas n’aurait pas écrit Les Trois Mousquetaires. On voit à quel point le polyglotte D’Artagnan aura été utile à la Reine comme à la littérature.
D’ailleurs, quand de vieux Gascons parlent en gascon, il leur reste quelques résidus d’anglais. « Aco raï », disent-ils, pour minimiser quelques détails : on n’est pas loin de « all right » et quand ils veulent mettre fin à quelque discussion oiseuse (une discussion oiseuse en Gascogne est une discussion où, à l’évidence, on va avoir tort), ils disent « haout » comme dans knock out.
Le Gascon comprend le Catalan aussi bien que l’Espagnol, il devine l’Italien, fait semblant d’ignorer le Basque qui n’est à ses yeux qu’un Gascon de montagne.
Et même, selon un célèbre linguiste, les Gascons seraient capables d’aboyer puisque, allant chercher des fèves, ils disent : « m’en baou aou haouaou ». Certains seraient même parvenus à parler correctement le français.
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