Après avoir fait durement ses classes vigneronnes encore très jeune dans une entité familiale située à Maumusson-Laguian, Jacques Busipelli ne voyant pas s'ouvrir d'avenir à son travail malgré une grande implication à bien le faire, avait modifié son parcours professionnel et suivi son épouse fonctionnaire à Paris.
Dure expérience pour un enfant de la terre, son terroir planté de vignes lui manquait, au bout de quelques années, il quittait Paris pour retrouver ses racines.
Sa route le conduisait naturellement chez son voisin Alain Brumont, début septembre 1988, dont l'entreprise naissante faisait déjà médiatiquement parler d'elle avec l'expérience comparative faite sur des vins identiques, des barriques avaient passé six mois au "Pic du Midi" quand d'autres étaient restées à Bouscassé. La presse écrite en avait beaucoup parlé.
Les qualités de Jacques acquises lors de ses "classes" étaient connues d'Alain qui l'intégrait dans son équipe et qui, un an plus tard en 1989, faisait de lui le chef de culture de l'ensemble du vignoble. Il l'est resté durant les trente ans de sa carrière.
Jacques et Alain n'avaient pas besoin de se parler pour se comprendre, un regard suffisait, bâtis qu'ils étaient de la même terre.
Depuis son arrivée, quel grand chemin parcouru avec Alain pour ensemble arriver à jouer dans la cour des plus grands créateurs de vins français et mondiaux, en amenant le terroir de leurs vignes et le vin produit à leur niveau !
Jacques Busipelli avait intégré, compris, mis en application les méthodes respectueuses du terroir, entrepris des nouveaux process dans le bio environnemental dans cette entreprise comme si c'était la sienne.
Jacques avait aussi su former des équipes, forgé de bons éléments, veillé à leur confort matériel et financier en gestionnaire parfait, analyste et gestionnaire de cette entreprise qui était en lui, comme si elle était à lui.
Jacques trente ans après son arrivée, avait atteint l'âge de la retraite ; son parcours était rappelé vendredi soir avec une grande note d'humour, en présence de son épouse, de tout le personnel des châteaux, administratif, technique, commercial, de partenaires externes ou techniques, au cours d'une soirée festive où en prime de départ, une trente et unième année lui était offerte sous les bravos des présents.
Restait alors à terminer convivialement cette soirée où l'osmose entre Jacques et ses jeunes successeurs n'était pas à prouver tant elle était réelle Il peut s'arrêter en paix, la relève est assurée, mais quelque chose laisse à penser qu'après quelques mois consacrés aux palombes, à son épouse également, c'est presque naturellement qu'il retrouvera en visite les deux châteaux, leurs vignes environnantes pour humer leur odeur, voir si tout va bien car on ne peut jamais quitter ce que l'on a tant aimé durant une grande partie de sa vie.