" La découverte de soja bio togolais importé par Agri Bio Union au cœur du Gers, premier département français pour les surfaces en agriculture biologique, a naturellement provoqué colère et stupéfaction chez les agriculteurs bios. Une manifestation unitaire, relayée par la presse, s’était déroulée à Saint-Germé le 16 octobre dernier.
A l’initiative de la Chambre d’Agriculture, une rencontre a été organisée le vendredi 19 octobre entre les syndicats agricoles, la Chambre d’Agriculture, et Agri Bio Union.
C’est en toute transparence que le Président, le Directeur Général et un administrateur d’Agri Bio Union ont ainsi pu s’expliquer sur les importations de soja togolais, devant les représentants de la Confédération Paysanne, de la Coordination Rurale, de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs.
Trois éléments majeurs ont été avancés pour justifier ces importations :
Tout d’abord, le marché du soja bio est en forte croissance, il n’a pas encore atteint sa maturité, et l’offre française reste très inférieure à la demande. Ce sont ainsi plus de 75% des volumes nécessaires qui sont encore aujourd’hui importés, en particulier pour l’alimentation animale. Chez Agri Bio Union, la part des importations de soja bio ne représente que 12% des volumes, et permet de prendre des parts de marché où la production française peut venir se substituer progressivement aux importations (la collecte française d’Agri Bio Union a ainsi été multipliée par 12 en 20 ans !).
La deuxième explication tient à la volonté de la filière soja bio française d’acquérir son indépendance en matière de trituration. En particulier, les coopératives membres d’Agri Bio Union ont réalisé de gros efforts d’investissements pour accompagner le développement de la production, et garantir aux éleveurs de nos territoires un approvisionnement régulier en aliment du bétail bio. Les volumes importés permettent ainsi de sécuriser le fonctionnement des usines de trituration détenues par les agriculteurs français au travers de leurs coopératives, tant que la production française est insuffisante.
Enfin, la production de soja bio reste soumise à de forts aléas climatiques, en particulier dans le Sud-Ouest, cette année en témoigne. Premier opérateur de soja bio en France, Agri Bio Union, en sécurisant les volumes commercialisés grâce à ce contrat d’importation, cherche à conserver une dynamique de prix favorable aux producteurs français (+150 euros la tonne depuis dix ans). Les responsables de cette union de coopérative ont ainsi privilégié avec le soja togolais bio, labellisé par Ecocert, des approvisionnements proches des références françaises en termes de rapport qualité prix, ne déstabilisant pas notre marché. Ce qui n’est pas le cas d’autres opérateurs nationaux qui privilégient encore l’importation de soja chinois ou brésilien à bas coût…
Rassurés par ces explications transparentes, données par les représentants d’une union de coopératives dont la gouvernance est assurée majoritairement par des producteurs bio, les responsables syndicaux gersois restent attentifs au bien-fondé de ces opérations d’importation et à l’évolution des prix payés aux producteurs, et appellent unanimement à poursuivre le développement des productions biologiques dans notre département ".
Signé: Bernard Malabirade, président de la Chambre d'agriculture du Gers