Le clocher de Mirande et ses chapeaux chinois

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Débarrassé de sa gangue d’échafaudages, le clocher de Mirande rénové est enfin apparu dans sa splendeur avec sa nouvelle toilette boisée. Certains s’étonnent de la couleur qui leur semble détonner avec celle des ardoises qu’ils avaient toujours connues. D’autres se demandent ce qui a bien pu changer dans sa silhouette qu’ils ne parviennent pas à définir.

Nous avons interrogé à ce sujet Henri Calhiol, responsable pour le secteur de Mirande de la Société archéologique, historique et littéraire du Gers. Une contribution était parue, sous sa signature (« Quand le clocher de l’église de Mirande était recouvert de bardeaux ») dans le bulletin du 1er trimestre 2017 de cette société, consacrée, avant le début des travaux, à la découverte que ce clocher avait été de tout temps et jusqu’à la date du grand chantier du milieu du XIXe siècle, recouvert de bardeaux de bois comme tant d’autres églises du Gers. L’architecte Pierre Cadot, Gabriel Bresson et Henri Calhiol avaient apporté les documents d’archives collectés aux archives municipales et diocésaines nécessaires à l’aboutissement du dossier.

Henri Calhiol rappelle, pour apaiser les inquiétudes, que le bois de châtaigner va rapidement se griser pour prendre les reflets argentés de l’ardoise. Qu’on veuille bien patienter, l’évolution a d’ailleurs déjà commencé.

Quant à « l’impression indéfinissable », que certains peuvent ressentir, l’historien local en révèle le ressort : les cinq « clochetons » (en réalité une échauguette, un lanterneau et trois tourelles) ont retrouvé la silhouette qu’ils avaient perdue à l’avant-dernier siècle. Il suffit de comparer les photos d’avant 2018 à l’apparence actuelle pour s’en rendre compte : ces cinq structures singulières sont désormais munies de coyaux, ces éléments de charpente fixés en partie basse d’une toiture et qui la prolongent vers l’extérieur afin d’éloigner les écoulements d’eau de pluie de la maçonnerie des murs. Ils ont pour conséquence de donner cette apparence de « chapeau chinois », l’instrument bien connu de la musique de la Légion étrangère, ce qui a changé la silhouette. Mais si on se reporte au dessin qu’avait fait de ce clocher Victor Hugo (il fut, certains l’ignorent, un des plus grands dessinateurs de son époque) lors de son passage à Mirande en 1843, on retrouve bel et bien cet aspect originel qui s’était perdu au détriment de l’authenticité.

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