La foire du 16 Août

IMG_2481.JPG

Aux Peyris , plants de choux, furets et Escargots

Les  petits  marchés  se  sont  multipliés ;marché  de   nuit marché de terroir,marché bio mais les grosses foires à date fixe ont pratiquement disparu.

La  foire  du   16  Août  à  Vic-Fezensac,était  un  moment   privilégié dans le cycle   des  travaux   à  la ferme. La seule  activité du moment   était le battage de la moisson. Les agriculteurs refusaient de recevoir la batteuse   le   jour  de  la    foire.

Vers  10   heures    on  rencontrait  sur  les  routes   des  cyclistes  avec  sur  le  porte-bagage  une  caisse  en  bois grillagée   et  qui  contenait des  centaines   d’escargots .On  avait  profité  des  pluies  d’orage au  cours   de   l’été   pour   ramasser  sur   les   peyrusquets     des collines   des   centaines   de   gastéropodes. On   les   avait soigneusement   mis  en  réserve  au  grenier   avec  un  rempart  de    cendre  pour qu’ils   ne  s'échappent  pas .On  leur   donnait  de  la  farine de maïs,  et de   temps en temps,  on les   arrosait  avec   une  pomme  d’arrosoir pour  leur  faire  croire à une  pluie  printanière  et  ils  sortaient  de  leur  coquille.

On les vendait   surtout  aux  restaurateurs  de la ville. Au même  endroit,dans   des  cages  grillagées,on  proposait  des furets qui   attiraient  leur  présence par   leur odeur  de  mustélidés. Presque   chaque   ferme avait  un  furet ,  un   animal  qui  servait  à  débusquer  les     lapins   dans    les   terriers .On  lâchait    le  furet  dans  la  cavité  il  se  chargeait  de   les  poursuivre et de les    faire   sortir.

Entre  temps  on  avait pris  soin  de  placer  une « bourse »  qui  se  refermait  dès  que  lapin  giclait  du terrier le  chasseur  lui  bondissait   dessus   et  l’assommait ;Parfois    le  furet coinçait  le lapin dans un  cul   de sac  du  terrier il  le  saignait se gavait    de son  sang  et  s’endormait.Des recherches à  la pioche mais on  ne retrouvait pas l’animal.

Ainsi  les  éleveurs voyaient les   chasseurs  revenir   avant  l’ouverture  de  la  chasse.On   distinguait  deux   catégories  de furets : ceux  à pelage blanc,  très   familiers   mais   peu   prisés des   chasseurs, les   putoisés dont le pelage et  l’agressivité  sont  très proches de la  belette   et   surtout du  putois .

Il fallait d’abord     convaincre   l’acheteur que  l’animal était brave  et  ne  mordait pas.  C’était  alors  toute  une technique :le  vendeur  prenait  le  furet par le pelage   du   cou    , ce  qui  l’empêchait  de  tourner   la  tête  pour  mordre , puis   il   le    faisait   promener  sur   son  bras,lui   présentait  sa   main   devant son  museau assez  loin   tout de   même .L’affaire  conclue,on   glissait  l’animal  dans    un sac   de  toile  percé   de  quelques  trous,  c’est   dans  cette  opération que    souvent   le furet sortait    ses  crocs.Le  billet  en poche le  vendeur   disait « je   ne  vous   ai pas vendu ce   furet   pour le  caresser     mais pour chasser .

Un    autre   achat  important   était  celui des plants  de choux . Je me    souviens  encore  du nombre   qu’achetait mon grand  père;   cinq   paquets   de 100 liés avec   du  raphia  et comme   il  était un fidèle   client    ,le  vendeur en ajoutait   50. Pourquoi  ce souvenir  précis ? De  retour  à  la   maison, il  fallait planter   les  choux . Une  comptine    dit  que   c’est   chose  facile  c’est    surtout  une  opération  éreintante .Le chou  était  un légume  très  prisé  à  la   campagne,il   entrait    dans  toutes les  soupes    journalières qu’on appelle aujourd’hui   garbure  et  qui  est   en tête  des  menus  étoilés . ;Au  printemps on regarnissait  les marmites   avec    des  broûtes, repousses  des choux d’hiver.

 Mon  grand –père  avait  préparé  dans le  jardin   un grand   carré  de  terre  retournée  avec le   paloum (lourde  pelle   verticale) et cassé   les  grosses   mottes avec le matuil (masse de bois). La plantation s’effectue de cette manière : d’abord on plaçait le cordeau , et mon grand –père faisait d’un coup de pioche une ouverture dans la terre. Je devais glisser ensuite le chou derrière le plat de l’outil en le retirant la terre tombait et il donnait un bon coup de talon pour avoir un creux qui retiendrait l’eau d’arrosage. Il avait beau me raconter bien des histoires c’était interminable. Suivait la séance d’arrosage; pour éviter tout accident, il puisait lui- même l’eau dans la mare  ,j’assurais le relais :un arrosoir pour 4 choux.

Si le temps était chaud, c’était tous les soirs que nous étions convoqués à la fraîche pour abreuver les choux. Pour compenser le travail de plantation, une bonne odeur de saucisse grillée arrivait jusqu’au jardin car à l’occasion de la foire, mon grand-père avait eu la bonne idée de passer chez le charcutier.

Pierre Dupouy

IMG_2481.JPG
IMG_2481.JPG
furet.jpg
furet.jpg
IMG_2479.JPG
IMG_2479.JPG
Publicité
Suggestion d'articles
Suggestion d'articles