Les Estangois se souviennent

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Mardi, au mémorial d’Estang, a eu lieu la cérémonie commémorative de la tragédie survenue à Estang le lundi 3 juillet 1944. C’est en présence des maires des communes voisines, de la conseillère départementale Isabelle Tintané, de Didier Dupront,  président de la Communauté de communes du Grand Armagnac, de Marie-Claude Mauras, présidente de l’Amicale du  Bataillon de l’Armagnac, Franck Barsacq, président de Rawa-Ruska Gers des anciens combattants, des familles des victimes de la répression nazie, des enseignantes et des élèves  de l’école Cécile Coupaye et de la population, qu’ont eu lieu le dépôt de gerbes et la minute de silence.

Le maire d’Estang, France Ducos a ouvert la cérémonie  en citant   le nom des victimes  de cette tragique journée :

«  Jean Bartherote, maçon, 50 ans, 3 enfants ; Lucien Bougue, cultivateur, 30 ans ; Jean Coupaye, pharmacien, 32 ans, 3 enfants ; Alfred Duclaux, charpentier, 51 ans, 3 enfants, Jean Dupeyron, cultivateur, 39 ans ; Louis Dupuy, négociant, 43 ans, 3 enfants, André Ousteau, 19 ans, volontaire à la 4e compagnie du Bataillon de l’Armagnac ; André Pupkiewicz, 40 ans, 3 enfants (réfugié juif), Paul Sansoulh, 41 ans, 4 enfants (réfugié juif). »

France Ducos a ensuite rappelé le déroulement de cette journée :

«  Le major commandant de la Feldgendarmerie de Mont-de-Marsan est alerté par le curé doyen de la paroisse de Cazaubon.  Ce dernier a signalé la présence au château de Begué de  terroristes, en fait des réfugiés juifs. Le 3 au matin un raid est mis en place, huit réfugiés sont arrêtés.  La route d’Estang est fermée. Georgette Dulhoste sœur d’un volontaire du Bataillon de l’Armagnac, au péril de sa vie réussit à passer et arrive à vélo au PC du Bataillon situé au château des Sables à Maupas, pour prévenir de la présence des allemands mais sans pouvoir préciser son importance. Le capitaine Parisot décide d’attaquer Cazaubon à la fois par le Nord et par le Sud  en prenant l’itinéraire  de Maupas vers Estang. À 13 heures, à 2 km d’Estang, Parisot aperçoit la tête de la colonne allemande et le combat est engagé. Malheureusement, la troupe allemande est très supérieure en nombre. En même temps, la bataille s’engage vers le carrefour de la gendarmerie. Partout dans le village l’échange de coups de feu est permanent.  »

 Le maire a  détaillé le combat d’Estang, l’arrestation de la population :

«  La première victime fut Louise Cazauran, qui, voulant fermer ses volets, fut prise pour cible et mortellement blessée. En voulant lui porter secours, ses voisins, André Pupkiewiez, Jean Coupaye et Paul Sansoulh furent arrêtés. Viendront ensuite Alfred Duclaux et Jean Bartherotte, interpellés dans sa maison.  Trois  gendarmes, leurs épouses et leurs enfants  furent alignés sous la menace des armes, sur le bord de la route. Les civils, à leur tour, furent interpellés et regroupés devant les arènes. »

Cet accrochage sanglant se solda par neuf tués chez les Allemands, deux résistants tués (Léonce Destouet et Hans Haffner), un résident pris en otage et exécuté (André Ousteau), deux victimes civiles (Louise Cazauran et Jean Lalanne), de très nombreux blessés, et quelque 40 otages hommes, femmes et enfants conduits sous la menace des armes vers le carrefour de Pignay. En représailles des neuf Allemands morts, le commandant de la troupe nazie fit fusiller neuf otages, autant que de soldats allemands tués.

France Ducos a conclu cette page d’histoire douloureuse en précisant :

«  Ce drame est à jamais gravé dans le cœur de tous les estangois. Il nous appartient de transmettre le souvenir de cette terrible journée aux jeunes générations et c’est avec beaucoup d’émotion que je rends hommage au sacrifice des fusillés, aux victimes civiles, aux gendarmes morts en déportation et à tous les résistants. Je retiendrai cette phrase de Simone Veil : «  Chaque jour qui passe est un combat contre la barbarie. »

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