Jusqu’à présent, les murs de Seissan ont été épargnés par les graffitis en tous genres, et on ne peut que s’en féliciter. Mais depuis quelques semaines, la trappe extérieure d’accès aux coffres de la banque, que seuls ouvrent les transporteurs de fonds, située à l’angle de la Place Carnot , est ornée d’un dessin , à la craie.
Cette esquisse, très stylisée d’un visage de jeune femme que l’on devine un peu mutine, n’est certainement pas l’œuvre d’un gribouilleur quelconque : le profil est plus suggéré que dessiné, le trait est sûr, l’espace parfaitement maîtrisé , l’ensemble discret, pas besoin d’avoir l’œil d’ un spécialiste pour reconnaitre la patte d’un artiste.
Sur une des pierres de l’encadrement du portail accédant à la cour de la mairie, un autre dessin , encore un visage mais dans style un peu différent , accompagné de signes n’ayant sans doute une signification que pour l’auteur . Problème : aucune signature, aucun témoignage , un beau matin c’était là, incognito.
Toutes les supputations sont donc possibles, mais certainement que l’auteur a trouvé en cette petite trappe rectangulaire située à hauteur d’homme , dont la couleur sombre contraste avec les murs beaucoup plus clairs, un support lui permettant de laisser aller son inspiration du moment.
Sur la pierre, autre matériau, autre éclair de génie. Une œuvre éphémère ayant déjà subi les sévices du temps , une œuvre simple offerte à celui qui passe et derrière ces dessins, sans doute quelqu’un qui a une certaine idée de la Femme dans sa belle et sobre féminité, mais aussi le talent pour l’exprimer en quelques coups de …craie qui ne dureront que le temps de soulever la curiosité et sans doute des interrogations.
Des indices certes, donc quelques présomptions mais, faute d’éléments d’identifications indiscutables, la prudence interdit d’aller plus loin dans ce qui ne peut être que de simples suppositions.
Combien d’artistes griffonnaient sur les nappes en papier des restaurants qu’ils fréquentaient? D’autres, désargentés, payaient ainsi leur pitance ! A Seissan , l’illustre inconnu a voulu incontestablement s’amuser, semant ses œuvres comme le faisait le Petit Poucet avec ses cailloux blancs, à moins qu’il ne soit sujet à de subites pulsions artistiques ! Pour le moment, le mystère reste entier...