Roger Bessagnet vient de fêter ses cent ans auprès de sa famille, entouré de ses nombreux amis au lieu-dit Puységur, commune de Beaucaire-sur-Baïse où il a vu le jour le 8 mai 1916. Elève de l'école à classe unique d'Ampeils distant de quelques centaines de mètres de la ferme familiale, il a été inscrit par ses parents à l'école primaire de Valence-sur-Baïse. Après un examen de contrôle portant sur la morale, l'instruction civique, le calcul, l'histoire, la géographie, Mr Guitard le directeur l'a admis dans sa classe des grands en raison de son bon niveau. Il fréquenta ensuite l'école de Beaulieu à Auch, avant de revenir travailler la propriété familiale.
Discuter avec lui, c'est retracer son parcours à travers des évènements majeurs qu'il a vécus. C'est le trajet à pied midi et soir pour se rendre à Valence-sur-Baïse distante de quelques kilomètres, avec le repas pris chez le boucher Canezin où il était, comme on dit, en pension le midi. C'est l'inauguration du monument aux morts en présence de personnalités importantes. Il y entonna avec ses camarades, sous la direction de son directeur qui était également président du Réveil Valencien, le célèbre poème de Victor-Hugo '' Ceux qui pieusement......sont morts pour la patrie '', qu'il me récita par cœur ! Ce sont les fêtes nautiques sur la Baïse, et les plongeons de plusieurs mètres dans l'eau de la rivière de nos champions Jean Tobie et Camille Bajolle. Ce sont les parties disputées par l'équipe de rugby, amalgame de solides joueurs du coin, dans un pré situé en-dessous du château de Rouquettes. Sa famille craignant qu'il ne se blesse ne lui permit pas de s'aligner aux côtés des 3 Ruffi du château de Rouquettes, les 2 Delahère de Bagatelle, de Mouchan, Darroux, Saint-Loubert, Galabert, Ranc, Larroche, Odon Lauze, Odon Canezin, Lafosse de Beaucaire, Dèches. C'est le défi lancé à Odon Lauze par Valentin Riéra qui disputa deux tours de France dont il termina une fois 7ème, une seconde fois 11ème. Qui gravirait le plus vite la côte de l'Hérisson qui était empierrée à l'époque : Odon au volant de son Amilcar ou Valentin Riéra avec son vélo ? Le nombreux public qui avait pris place tout autour assista à la victoire du deux roues d'un infime écart, 2/100ème de seconde. Lui aussi, Roger Bessagnet sacrifia au vélo.
En compagnie de Mattet, Ernest Boué, Angel Riéra le frère de Valentin, Jean Boyer de Maignaut, ils décidèrent d'aller voir le Tour de France dans les Pyrénées. Partis à 7 heures du soir, ils arrivèrent au col du Tourmalet à 7 heures du matin, assistèrent au passage des coureurs avant de rentrer. A l'époque, peu de voitures, mais un attelage composé d'une charrette tirée par un cheval avec lequel Roger se rendait dans les marchés ou foires avoisinants. Valence-sur-Baïse était envahi par les nombreux marchands. La Place de la mairie, bien entendu, mais aussi les places alentours ainsi que le boulevard du nord.
Si le chef-lieu de canton tient une grande place dans l'existence de Roger, il n'en demeure pas moins que la famille Bessagnet a joué un rôle important dans la vie municipale de sa commune administrative, Beaucaire-sur-Baïse. Son grand-père Gérard y endossa l'écharpe de maire et le resta 42 ans. Lui, Roger, fit deux mandats de conseiller municipal. Il créa l'Amicale des Anciens prisonniers de guerre- il fut porte-drapeau à Vic-Fezensac- avant de passer le relais à Jean Mendousse. Roger fut en effet prisonnier de la première guerre mondiale.
Au retour, il s'est marié le 10 juillet avec Alice Laurier de La Sauvetat avec qui il eut 3 enfants, Henri né le 9 octobre 1949, Jean-Paul le 4 novembre 1951, et Marie-Hélène le 1er mars 1961. Nous l'avons rencontré à Puységur en compagnie de son épouse Alice et de leur fille Marie-Hélène. Il mène une existence paisible bien entouré par les siens. Grâce à lui, nous avons feuilleté quelques pages du livre de Valence-sur-Baïse. Il a encore tant à dire. Merci Roger pour votre accueil, votre allant, votre gentillesse. A bientôt pour de nouvelles tranches de vie du canton.
Claude Laffargue