La philanthropie chez les époux Priet n’est pas un vain mot. Après avoir prêté au musée des Jacobins courant avril et mai 2014, 18 œuvres sur l’art baroque andin provenant de leur collection privée, ils ont cette fois-ci offert deux sceptres en or et en argent de l’orfèvrerie précolombienne. Deux objets de cérémonie rarissimes (1), il n’y en a pas d’autres en France, représentant des serpents. « Je les offrent par amitié, révèle Gérard Priet, à ce musée pour le conservateur, Fabien Ferrer-Joly, lequel réalise de beaux projets et pour le sénateur-maire, qui sait se projeter dans l’avenir pour le bien de sa ville ».
Des mots qui ont à l’évidence touchés Franck Montaugé lequel a remis la médaille de la ville d’Auch à Gérard Priet très ému de recevoir cet honneur. Le sénateur-maire en profita pour annoncer que le musée des Jacobins exposera quelques uns de ses plus beaux objets et pièces de février à mai 2017 au musée du Quai Branly à Paris.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, le musée des Jacobins vient de recevoir le legs d’une donatrice suisse comportant une centaine de pièces précolombiennes et péruviennes lesquelles seront exposées dans les prochains mois.
(1). Ces deux pièces d’une très grande rareté sont des objets de cérémonie représentant des serpents. L’un est en or et l’autre en argent. Le manche des sceptres est lisse et sans décor. En remontant vers la tête de l’animal, les premiers décors en losange imbriqués apparaissent : une version symbolique et géométrique des écailles de serpent. Sous le corps, le décor obtenu au repoussé évolue en une double rangée d’arcs de cercle. Une collerette verte sépare la tête du corps de l’animal. La tête travaillée en volume présente une gueule ouverte sur des crocs en argent. D’autres incrustations de pierre verte complètent la décoration de l’ensemble de la pièce. Les détails comme l’arrête centrale, les narines et les yeux sont également mis en valeur par ces incrustations.
La présence de paires d’objets en or et en argent n’est rare dans la culture Mochica. Cette pratique renvoie à une cosmologie organisée selon une conception dualiste du monde : l’univers et ses composantes sont scindés en deux moitiés et les éléments présents sont regroupés par paires « d’opposés complémentaires ». La dualité symbolique, à commencer par celle de la vie et la mort, le principe masculin et féminin, traduit par l’utilisation de l’or et l’argent, est au cœur de l’iconographie mochica.