La prochaine soirée théâtrale que proposera l'assoociation In § Off sera un peu spéciale.
Vendredi 25 novembre à 21 h, la comédienne Sophie Belvisi sera sur la scène de la salle polyvalente à Vic-Fezensac pour un one woman show intitulé "Alzhei'mère".
Un sujet sombre abordé avec un bel humour haut en couleurs !
L'association avait entendu parler du spectacle et est allée à Bordeaux le voir sur scène. Immédiatement conquise, elle a décidé de l'intégrer dans sa progammation de l'année.
Une partie des recettes sera reversée à l'association France Alzheimer.
Sophie Belvisi a accepté de répondre à quelques questions pour Le Journal du Gers.
Echanges :
Journal du Gers : Sophie Belvisi, pouvez-vous vous présenter ?
Sophie Belvisi : J'ai 28 ans, j'habite à Lyon et je suis comédienne.
Journal du Gers : Le spectacle que vous présentez à Vic-Fezensac le 25 novembre est un one woman show intitulé Alzhei'mère. Comment se présente ce spectacle ?
Sophie Belvisi : C'est un one woman show qui parle de moi, du moment où j'ai dû m'occuper de ma maman atteinte d'une maladie apparentée à Alzheimer.
J'ai éprouvé le besoin de parler de ce sujet sur le mode humoristique pour sensibiliser sur le sujet sans dramatiser.
Il y a dans ce spectacle des moments d'émotion mais aussi du rire, de la musique et même quelques vocalises !
Journal du Gers : Vous avez donc côtoyé de très près la maladie d'Alzheimer puisque votre mère en était atteinte.
Pourquoi en avoir fait un spectacle ?
Sophie Belvisi : J'ai été aidante familiale à l'âge de 16 ans jusqu'à mes 26 ans et à ce moment-là je me suis sentie très seule.
J'ai donc écrit le spectacle que j'aurais aimé voir quand j'étais dans cette situation.
A l'époque, il y a 10 ans, quand j'ai été confrontée à la maladie, il n'y avait rien.
Ce que l'on appelle « les plates-formes de répit » n'existaient pas.
Quand je vois aujourd'hui ce que fait France Alzheimer, je suis éblouie, j'aurais tellement voulu avoir cela il y a quelques années et ce spectacle m'aurait permis de souffler, d'avoir un moment de répit, de me dire que j'étais comprise, que je n'étais pas toute seule.
J'ai aussi envie d'être la voix pour les générations futures car c'est une maladie qui nous touche de plus en plus et j'ai envie que les nouveaux aidants familiaux qui sont de plus en plus jeunes ne se sentent pas seuls et sachent qu'ils peuvent être accompagnés.
Journal du Gers : Pourquoi avoir pris le parti d'une tonalité humoristique ?
Sophie Belvisi : J'avais tout d'abord écrit un spectacle de tonalité dramatique « Bloody Memory »
Puis, je suis rentrée dans le milieu du café-théâtre.
J'avais joué un spectacle seule en scène « Dans le sac des filles » qui n'avait rien à voir avec le sujet de la maladie !
J'étais en train de découvrir les codes de l'humour et c'est à ce moment-là que je me suis dit que j'avais un créneau à saisir.
C'était aussi un défi que de choisir un sujet triste, un sujet qui fait peur - car il y a tout de même dans mon spectacle trois sujets qui font peur, la maladie, la mère et la mort ! - et de chercher à faire rire. Le challenge était de trouver comment faire rire d'une enfant qui devient le parent de son parent !
Au départ, mon spectacle faisait peur aux producteurs, par son sujet mais aussi parce qu'on se demandait s'il y avait assez de matière pour un spectacle entier sur la maladie.
En fait, j'ai découpé mon spectacle de manière à ce qu'il y ait de la matière : la maladie, mon parcours d'aidante et comment je m'en suis sortie.
Journal du Gers : Ce spectacle, vous le jouez au théâtre mais le jouez-vous aussi dans des maisons de retraite ?
Sophie Belvisi : Je commence en effet à jouer le spectacle dans des maisons de retraite.
Au départ, mon but n'était pas de le jouer nécessairement au théâtre, même si c'est mon métier, mais de le jouer pour des associations comme France Alzheimer.
J'ai eu la chance de pouvoir commencer à le faire dans le cadre de la semaine bleue qui est la semaine des aidants.
J'ai pu jouer mon spectacle à Perpignan le 3 octobre et à Lille le 6 octobre dans le cadre de France Alzheimer et d'associations d'aidants qui m'ont acheté le spectacle.
Le jouer dans ce cadre-là, c'était vraiment impressionnant et j'espère que cela va se renouveler.
Mon but est en effet que ce spectacle tourne via France Alzheimer.
Cela me remplit de joie d'être associée à l'avancée en matière d'Alzheimer.
Journal du Gers : Quel retour avez-vous des spectateurs ? Ces retours sont-ils différents selon qu'ils sont touchés ou pas par la maladie ?
Sophie Belvisi : Ce qui est amusant c'est que les personnes qui sont concernées par la maladie sont très touchées par le spectacle mais celles qui n'ont rien à voir avec la maladie le sont également car au-delà de parler d'Alzheimer, je parle des responsabilités qui nous tombent dessus très tôt, de la réalité qui nous échappe, du désordre en soi...
J'ai par exemple une de mes amies dont les parents se sont séparés qui a vu dans mon spectacle le divorce de ses parents.
Dans les salles « classiques », les spectateurs attendent le côté humoristique et "se prennent une claque" car le côté émotionnel est très fort puisque je parle de ma mère.
Quand je le joue dans le cadre de France Alzheimer, le public est dans une autre attente car il se demande comment je vais aborder un sujet qu'il connaît bien !
Journal du Gers : En dehors de Vic-Fezensac où nous pourrons vous voir sur scène le 25 novembre, où votre spectacle se joue-t-il ?
Sophie Belvisi : Je joue bien entendu à Lyon.
J'ai en particulier une date importante qui est le 23 janvier où je joue à l'espace Gerson qui est une des plus grandes salles de spectacle de Lyon et un passage obligé pour les humoristes, je serai également à Agen du 12 au 15 janvier, à Alès en février, à Bourg les Valences en mars et surtout au festival d'Avignon.
Journal du Gers : Quels sont vos projets ?
Sophie Belvisi : Je suis comédienne dans un spectacle "Crétin des Alpes" qui revisite tous les clichés sur la Savoie, un spectacle qui se joue uniquement en Savoie.
J'intègre fin décembre une nouvelle programmation au Rideau Rouge dans une pièce qui s'intitule « L'homme parfait n'existe pas », une pièce où nous sommes deux femmes à côtoyer le même homme sans le savoir !
Je pense aussi à l'écriture d'un spectacle qui arriverait à l'aube de mes 30 ans, donc dans deux ans !
Journal du Gers : Votre carrière de comédienne est-elle liée à la maladie de votre maman ?
Sophie Belvisi : Pas du tout !
Je viens d'un petit village à côté de Perpignan. Ma carrière était toute tracée ; je devais être professeur de littérature. Je faisais partie d'une troupe de théâtre.
Un jour je me suis réveillée en me disant que je ne voulais pas faire le même trajet tous les jours, que je rêvais d'une nouvelle scène, que je voulais faire ce métier et en vivre.
Ma mère n'y croyait pas mais elle voulait que j'aille jusqu'au bout de ma démarche. C'est ce que j'ai fait !"
Alzhei'mère
vendredi 25 novembre à 21 h
salle polyvalente de Vic-Fezensac
Adulte 15 euros Moins de 20 ans 12 euros
réservations : [email protected] ou 06 16 62 19 31
Avant le spectacle, pour ceux qui le souhaitent, buvette et assiette sucrée 5 euros