Il vient de passer Estang et s’arrête à l’ombre d’un arbre en bordure de la D30. Le panneau annonce Eauze à 12 km. « C’est bon, on y est presque ; je pourrai faire une halte là-bas. » Kévin Voland sort une gamelle qu’il remplit d’eau pour sa chienne Nikita, puis s’assoit dans l’herbe fraîche. Tout en roulant une cigarette, il raconte en quelques mots sa longue promenade.
Originaire de Saint-Sever, dans les Landes, le jeune homme est parti le 4 mai 2018 de chez lui, pour se lancer, au hasard des routes, dans un tour de France à vélo. « J’ai vu un reportage un soir, et le lendemain, au réveil, je me suis dit je vais faire pareil. » Et le voilà donc parti avec sa chienne Nikita, qui fêtera ses trois ans, ce dimanche 2 juin. Mais Kévin va vite apprendre qu’un voyage comme ça, ça demande un minimum d’organisation. « Au départ, j’avais un vélo à 100 euros, avec du matériel de mauvaise qualité. Puis au bout de 120 km, j’ai cassé la chaîne et le dérailleur. J’ai compris. » Le jeune Landais investi alors ses économies, entre 10 000 et 12 000 euros, dans du matériel de qualité : vélo solide, chaîne renforcée, remorque de bonne facture, tente isotherme, duvet pour les températures extrêmes, téléphone portable performant, mini panneau solaire...
Depuis un an, Kévin est allé un peu partout dans l’hexagone. Il n’a pas vraiment de plan de route. Sécurité oblige, il n’emprunte pas les grands axes. De temps à autres, il s’arrête par ci, par là, « pour faire quelques petits boulots. Mais je reste au maximum une semaine au même endroit… j’ai fait des rencontres sympas ; lorsqu’on me voit sous la pluie, parfois on me propose de me mettre à l’abri pour la nuit… Mais on trouve toujours moyen de se mettre à l’abri, l’hiver. Et puis, avec une bonne tente isotherme et un bon duvet, ça va. Et puis la chienne à côté, ça tient chaud. »
Sa cigarette finie, Kévin Voland remonte sur sa bicyclette. Il s’arme de courage avant d’attaquer la longue côte qui mène à Campagne-d’Armagnac où il refera une courte pause. Et si Nikita est fatiguée, elle ira dans la remorque et profitera du paysage. Une chienne chouchoutée, avec ses médicaments au cas où, ses vaccins à jours et… 12 kg de croquettes dans les bagages !
Kevin traverse le Gers pour aller rejoindre le Canal du Midi qu’il compte descendre jusqu’à Sète. De là, direction la Provence où il doit rejoindre un ami « nomade » comme lui qu’il a rencontré l’an dernier. Il pense y arriver d’ici deux semaines « s’il n’y a pas de casse et si la météo est bonne ».
Les routes vallonnées du Gers n’entameront pas la bonne humeur du Landais qui, de temps à autres, s’arrête pour faire une photo pour sa page Facebook. « Je roulerai tant que j’ai envie de découvrir, et tant que je peux... »