La semaine du cinéma de l'Astarac

MICHEL HAMON

◘ Mercredi 13 Février 20h30 :  GREENBOOK SUR LA ROUTE DU SUD Adaptée d’une histoire vraie, cette touchante chronique sur la tolérance résonne extrêmement fort et nous embarque dans un road-movie grave et drôle, porté par un formidable duo d’acteurs.
« Auréolé de trois Golden Globes (meilleure comédie ou comédie musicale, meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali et meilleur scénario pour le réalisateur Peter Farrelly et ses complices Nick Vallelonga et Brian Currie) et nommé cinq fois aux Oscars, Green Book débarque en salles en France. loup en couverture). Pour son premier long en solo, Peter Farrelly signe une réflexion sur le racisme, entre gravité et humour porté par le duo Mortensen-Ali.
Green Book - Sur les routes du Sud est l’histoire vraie du Dr Don Shirley, grand pianiste classique noir qui entreprit une tournée dans les années 60 dans le Sud ségrégationniste accompagné de son chauffeur blanc, Tony Lip, et du Green Book, qui listait les endroits où les Afro-Américains avaient le droit de dormir et de manger. Sur le papier, ce road-movie historique a tout pour être un récit édifiant plein de bons sentiments. Une sorte de Miss Daisy et son chauffeur à l’envers. Mais Peter Farrelly emmène le sujet plus loin. D’abord en choisissant des interprètes inattendus. Viggo Mortensen en videur de boîte de nuit italien, parlant comme De Niro, c’est osé. On n’a pas souvent l’habitude de le voir dans un emploi comique, son petit sourire de côté et son ton original faisant passer les pires horreurs. Mahershala Ali (Moonlight) se révèle tout aussi surprenant en virtuose de la musique pétri d’habitudes et incapable de se lâcher. On reconnaît ici la touche Farrelly et sa capacité à faire des situations du quotidien des scènes burlesques. Et puis, il y a l’autre versant du film, plus émouvant, celui où l’on découvre les aberrations d’une Amérique qui humilie les Noirs. La force de Green Book est de montrer que le racisme ne vient pas forcément des suprémacistes blancs enrôlés au Ku Klux Klan, mais d’hommes de bonne volonté éduqués sur des mauvais principes. En cela, il est un message d’espoir. » 

◘ Vendredi 15 Février 20h30  NICKY LARSON Un film à la fois drôle et stylé que le réalisateur a voulu mettre à l'image du dessin animé.

« Quand l’équipe des Babysitting et de Alibi.com rencontre City Hunter, cela donne Nicky Larson et le parfum de Cupidon. Philippe Lacheau s’est approprié ce manga culte découvert au Club Dorothée à la fin des années 1980. « On avait un cahier des charges précis pour ne pas décevoir les fans », prévient-il. Son Nicky Larson, détective gaffeur et obsédé sexuel, reprend ce qui faisait le sel de l’original, aux côtés de sa meilleure amie, Laura (Elodie Fontan), garçonne secrètement amoureuse de lui. L’acteur, auteur et réalisateur y a aussi ajouté sa patte .
Le manga original de Tsukaja Hōjō était déjà comique comme l’avait déjà souligné Jackie Chan en incarnant le héros dans un film sorti en 1993. La « Bande à Fifi » va plus loin dans l’humour potache qui a fait son succès. « On est des vrais gamins, reconnaît Philippe Lacheau. On aime bien les vannes qui font glousser les enfants. »
Outre Elodie Fontan, Tarek Boudali en amoureux collant, Didier Bourdon en méchant et Julien Arruti en père de famille érotomane , il s’est aussi entouré de nouveaux venus comme Pamela Anderson, qui joue en Français.
Les scènes d’action de Nicky Larson et le parfum de Cupidon sont impressionnantes. On retiendra notamment une poursuite dans les rues de Monaco avec des voitures et un lit king size. « Nous avons essayé de conserver le style visuel du manga, insiste Philippe Lacheau. Notre but avec Nicky Larson était de signer un James Bond comique. » L’énergie qui se dégage de l’ensemble fait croire à une version live de City Hunter !» 20mn

◘ Samedi 16 Février  MINUSCULE 2 Humour tendre, poésie et suspense sont au programme de cette odyssée dans une nature grandiose.
« En 1996, Claude Nuridsany et Marie Pérennou dévoilaient, avec Microcosmos, une acti­vité insoupçonnable, au ras des pâquerettes. Les géants de l’animation hollywoodienne leur emboîtèrent le pas avec une série de films où fourmis et mille-pattes se posaient autant de questions existentielles (et futiles) que les humains. Fuyant cette veine anthropomorphiste, Thomas Szabo et Hélène Giraud ont inventé une troisième voie. A mi-chemin entre le docu­mentaire animalier et le film d’aventures à grand spectacle, le premier Minuscule, La vallée des fourmis perdues (2013) mélangeait prises de vues réelles, maquettes et images de synthèse, pour un résultat éblouissant — récompensé d’un césar du meilleur film d’animation. La suite des aventures de l’intrépide coccinelle et de ses copines les fourmis, qui ont le bon goût de n’avoir pas de nom, se hisse encore un cran au-dessus.
L’approche (mixte) est toujours la même. Les partis pris demeurent : pas de dialogue, des bruitages soignés et décalés. Les personnages n’ont pas changé. Mais les progrès technologiques font gagner en fluidité et en détails l’animation, qui dame ainsi le pion à tous les concurrents japonais ou californiens. Ce petit miracle d’ingéniosité et d’ingénierie, entièrement français, n’oublie pas, pour autant, sa dette envers Pixar et Miyazaki. Privilège des cinéphiles, petits et grands : repérer les hommages discrets aux classiques de l’animation dans cette nouvelle odyssée.
Délocalisé dans la jungle et sur les plages de Guadeloupe après un prologue dans le parc du Mercantour, en écho au premier épisode qui s’y dérou­lait en intégralité, le film repose sur une belle histoire de solidarité entre insectes pour retrouver la coccinelle perdue. D’où des scènes tantôt comi­ques (les courses-poursuites), tantôt dramatiques (la cérémonie funéraire), et toujours d’une poésie et d’une invention à couper le souffle. Le message écologique sur les dégâts causés par l’avidité des hommes ne prend jamais le pas sur le récit. Les affrontements épi­ques entre les fourmis rouges et noires du premier épisode s’inspiraient ouvertement du Seigneur des anneaux et des codes du western. Cette fois, les aventures tropicales de la coccinelle citent Fitzcarraldo ou L’Homme de Rio. Avec ces allers-retours cons­tants entre ancien et moderne, le cartoon à la française atteint la perfection. » Télérama

◘ Mardi 19 Février 18h00  MONSIEUR JEAN D ‘ORMESSON Fidèle à son modèle, le documentaire de Laurent Delahousse dresse un portrait lumineux de Jean d'Ormesson.
« Voilà pile un an, disparaissait une des grandes plumes de la littérature française, Jean d’Ormesson. Une des plus populaires et médiatiques aussi. On ne sera donc pas surpris qu’il ait lui-même suggéré à Laurent Delahousse que ce projet de documentaire qu’ils évoquaient régulièrement dans leurs discussions soit à destination du cinéma. Et ce premier long métrage se révèle une belle réussite, tranchant avec le travail du présentateur sur “Un jour, un destin”. Nulle trace ici de voix off explicative ou de récit scolairement construit. Plutôt que de raconter 'Jean d’O' de A à Z en mode chronologique, Delahousse propose des fragments de ses 1001 vies – romancier, journaliste, Académicien, homme de droite, mari, père, grand- père…- qui forment le plus ludique des kaléidoscopes, avec en outre quelques touches de fiction. Il y a bien sûr de l’admiration dans le regard que Delahousse porte sur D’Ormesson. Mais Monsieur n’a pour autant rien d’une hagiographie servile. D’abord parce qu’on y sent souvent l’écrivain parfois fatigué voire agacé par la présence de la caméra ou une question sans que le cinéaste ne se dérobe. Ensuite parce que les témoignages de ses proches le remettent sans cesse en perspective. A commencer, d’une lucidité sans faille, par celle qui a retranscrit les textes du romancier pendant 38 ans. » Première

◘ Mardi 19 Février 20h30  CARMEN ET LOLA Une histoire gorgée de tendresse et de passion , sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs du festival de Cannes.
« Il aura fallu à la cinéaste basque Arantxa Echevarria quinquagénaire quelques documentaires et courts-métrages pour se préparer à ce long maîtrisé. Ses acteurs non professionnels - surtout les héroïnes incarnées par Rosie Rodriguez et Zaira Romero - font pétiller son film. Arantxa Echevarria ne brosse pas que le portrait de deux jeunes femmes tentant de s’aimer en liberté même si cela doit impliquer le rejet des leurs. Son film est un puissant cri d’amour. C’est le tableau d’un monde méconnu qui apparaît devant sa caméra avec ses marchés, ses fêtes et ses bonheurs, mais aussi son système quasi féodal enfermant les femmes. Entre fiction et documentaire, la cinéaste s’est frayé une voie pour faire exister ses personnages. Loin d’être un film de plus sur l’homophobie ordinaire, Carmen et Lola vibre d’une telle envie de vivre que cela galvanise le spectateur. Ces femmes prêtes à tout braver par amour nous touchent en plein cœur, » 20mn

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