Après la soirée d’ouverture béninoise de jeudi, il fallait s’accrocher fort pour supporter le décalage horaire avec…Ottawa.
Vous pensiez peut-être que les Canadiens chassent le caribou dans trois mètres de neige et sont totalement hermétiques aux rythmes latinos ? Eh bien, vous vous trompiez ! Les six musiciens du Souljazz Orchestra, venus tout droit de l’Amérique septentrionale, en ont fait la brillante démonstration hier sur la scène des arènes.
Dans leur joyeux tapage euphorique, où le clavier interpelle les cuivres, se retrouvent pêle-mêle afro, jazz, soul, pour donner une folle rythmique qui rend dingue. La glace est rompue, une fraîcheur juvénile envahit le public… Revendications de liberté, de justice sociale et coucou railleur au président Trump - avec un seul doigt levé, le plus long - s’enchaînent sur des sonorités explosives qui assoiffent les arènes. « Vous êtes énormes ! » conclura Éric Duffau, venu les rejoindre sur scène, heureux d'une telle découverte.
A peine désaltérés, cap sur la Havane et la Jamaïque, deux îles voisines si proches et pourtant si différentes. Avec un petit détour -aux antipodes- par l’Australie. Quand on vous dit que Tempo Latino vous fait voyager !
"Havana Meets Kingston", projet porté par Mista Savona (Australien donc, au clavier), réunit sur scène les dreadlocks du Jamaïcain Randy Valentine et le panama du Cubain Solis, pour un melting- pot surprenant de rumba, mambo, reggae, ska, hip-hop… à vous faire perdre le nord !
Où sommes-nous ? Quelque part entre Mars et la Lune qui sort de son éclipse, tandis que Brenda Navarette, dans un immense sourire, fait vibrer la foule toutes mains levées vers le ciel. Il y a du Buena Vista Social Club, mais remixé lorsque guitares, trompettes et percussions cubaines s’invitent sur un rythme reggae ou hip-hop latino.
Et la sauce prend, Jamaïque et Cuba fusionnent pour devenir une nouvelle terre musicale, culturelle et artistique que l’on pourrait nommer Jamacuba…
Photos Marc Le Saux