Pour sa soirée de clôture du 24ème festival, Tempo Latino avait gardé sa part la plus sauvage.
Le vent de l'Arizona a tout d’abord balayé son épicentre. Aride et brûlant, sans nuances, à pleins amplis, chauffé à blanc, l'Orkesta Mendoza, lançait au galop ses accents métissés.
Cette musique populaire, (loin toutefois des romances un peu aigres et mélancoliques de la « border music » mexicaine), avait des allures de western. Une "salsa-spaghetti", transcendée par la trompette, que le chanteur Salvador Duran (sosie à foulard rouge de Don Alejandro, respectable père de Zorro), a porté au plus haut.
Le « publico tan maravilloso » -parmi lequel se mêlaient des musiciens- improvisait des chenilles qui serpentaient dans la foule, sur la piste de l'arène.
Hors-norme, géant, magistral, Diego El Cigala s'impose durant toute la seconde partie. Éminemment « classieux », chevelure en cascade sur son costume blanc, des allures de dandy, le personnage d'une stature hors-cadre, en impose. Créateur rigoureux de volumes sonores aux formes pleines et aux couleurs fauves, sa musique porte les influences mixtes d'un environnement tropical. Quel organe ! Une voix forte et suave, un registre toujours maîtrisée, au service d'un répertoire d'une riche expressivité où alternent flamenco, mambo et rumba.
Musiciens et danseurs colombiens, tout en cohésion, ne ménagent ni leur énergie ni leur talent. Tous galvanisent le public, à peine dégrisé par une fine pluie pour ce très beau final.
« Respect total, maestro Cigala !» déclarent avec émotion les organisateurs du festival, qui lui délivrent un trophée de superstar, symbolisant le rythme. Avec standing ovation à la fin des deux parties du spectacle.