Intervilles sans vachettes : Rosa, l'absente aux mille élans !

109831526_3789345191092593_7215777401084962406_n.jpg

Le jeu culte revient cet été sur France 2… mais sans ses iconiques vaches landaises. Parmi elles, une reine indétrônable : Rosa, star incontestée de l’arène et figure emblématique d’un divertissement désormais amputé de son ADN.

"Top à la vachette !" criait Nagui, Olivier Minne ou Nelson Monfort à l’unisson d’un public en liesse. Et c’était souvent Rosa, furieusement vive et étonnamment malicieuse, qui déboulait dans l’arène, déclenchant cris, chutes, fous rires et applaudissements. Aujourd’hui, l’heure n’est plus à la cavalcade festive, mais à la controverse. France 2 relance Intervilles... sans ses vachettes. Une décision prise "au nom du bien-être animal", selon la chaîne et son producteur Nagui. Mais dans les arènes du Sud-Ouest, c’est l’incompréhension — et la colère — qui dominent.

La vachette, c’était le sel de ce divertissement pour les bastions historiques de l’émission qui ont d’ores et déjà annoncé leur boycott.

Pour les maires des villes concernées, les vaches ne subissaient aucun traumatisme en participant à Intervilles.

La fracture entre traditions régionales et exigences contemporaines du spectacle télévisé s’élargit.

Rosa, légende à quatre pattes

Parmi toutes les vaches landaises qui ont foulé le sable d’Intervilles, Rosa trône au panthéon. Pelage rare, tête marron et corps blanc, agilité de félin, charisme indiscutable : Rosa a été l’égérie du jeu entre 2004 et 2013. Elle s’est éteinte en 2020, un certain 14 juillet. "Elle a eu une vraie vie  d’artiste, avec ses tournées et ses fans", confiait Teddy Labat, son éleveur, encore ému. "On ne retrouvera jamais une vache comme elle."

Rosa n’était pas seulement une bête de spectacle : c’était une figure populaire, saluée dans les tribunes par des chants et des banderoles, photographiée comme une star hollywoodienne. À Buglose, dans les Landes, certains venaient en pèlerinage l’apercevoir, une fois devenue une retraitée paisible dans son pré. "Elle avait une autorité naturelle. Même les autres vaches la suivaient. Elle sentait qu’elle était spéciale", ajoute l’éleveur.

L’émotion, le souvenir… et les coups de corne

Mais Rosa n’était pas qu’une diva, elle était aussi redoutée. "Elle m’a flanqué deux coups de corne dans le dos", se souvient un septuagénaire au béret noir, croisé place du kiosque à Vic-Fezensac. "On m’a soigné comme au rugby, avec une éponge et de l’eau, puis j’y suis retourné." D’autres se rappellent douloureusement du "jeu de la nuit de noces", où le couple devait se glisser sous une couette en évitant… Rosa. "Elle nous a jetés hors du lit comme de vulgaires oreillers", sourit aujourd’hui un ancien participant, entre nostalgie et bleus mal cicatrisés.

Le débat sur les animaux à la télé

Pour les défenseurs de la cause animale, la décision de France Télévisions est salutaire. L’époque évolue : plus de tigres à Fort Boyard, plus de vachettes à Intervilles. L’émission fait peau neuve avec des effets spéciaux. "Le public est prêt à cela", assure la présidente Reha Hutin. Nelson Monfort, lui, reste partagé : "Je n’ai jamais vu une vachette maltraitée, mais Intervilles sans elles, c’est un petit crève-cœur."

Rosa, mémoire vivante

Rosa n’est plus, mais sa mémoire demeure. Le public ne l’a pas oubliée. Car au-delà du jeu, Rosa était une émotion collective, une mascotte landaise et télévisuelle, un animal doué d’une rare intelligence et d’un instinct de scène inégalé.

Sa disparition symbolise plus qu’une page tournée : c’est toute une époque de télévision populaire qui s’efface.

Pierre DUPOUY

Crédits photos : page Facebook Top à la vachette Labat 

 

Annonce locale
Festival Tempo-Latino
Suggestion d'articles
Suggestion d'articles