Le 1er juillet prochain, Gladys Gonnet prendra ses fonctions de directrice de la Fédération départementale des chasseurs du Gers (FDC 32), en remplacement de Jocelyn Moreau. Actuellement directrice-adjointe, cette passionnée de chasse et de nature, n’a pas attendu cet été pour s’investir dans sa nouvelle mission.
Originaire de la Tourraine, Gladys Gonnet est arrivée il y a cinq ans dans le Gers. Un département qu’elle a « traversé en long, en large et en travers ».
Après avoir travaillé pendant un an sur un programme de repeuplement du faisan sauvage sur le sud du département, autour du lac de l’Astarac, elle a poursuivi sur l’aménagement des habitats, avec la fonctionnalité écologique, son cursus initial. Ce qui lui a permis de travailler sur l’accompagnement des agriculteurs pour la mise en place d’aménagements favorables à la faune sauvage.
En travaillant pendant trois ans sur les inter-cultures, les jachères, les haies, Gladys Gonnet s’est spécialisée sur la thématique de la gestion durable des haies.
Le sujet brûlant des dégâts des grands gibiers, puis le repeuplement en petits gibiers, sont ses priorités.
- Madame Gonnet, concernant le département du Gers, quel est le sujet qui vous préoccupe le plus ?
- Selon moi, il y a deux sujets qui sont prioritaires. Le premier, c’est la thématique des dégâts aux cultures par le grand gibier. Quelque part, je savais pourquoi je signais. J’étais déjà dans la « boutique » depuis cinq ans. Je connaissais les problématiques, les conflits autour de ce sujet. Et l’autre sujet, c’est la question du petit gibier. On a trop tendance à se focaliser sur les dégâts aux cultures dus au grand gibier. Mais il y a le petit gibier qui se perd. Et il ne faut pas oublier cette pratique-là. Il y a énormément à faire sur ce sujet. Et je compte profiter de mon parcours depuis mon arrivée pour renforcer les projets concernant les petits gibiers.
- On entend parfois que la mésentente est grande entre agriculteurs non chasseurs et les chasseurs. Est-ce le cas ?
- Il y a besoin de beaucoup communiquer. Il y a ce sujet sur les dégâts qui concerne beaucoup de monde. J’essaie de ramener, dans tout ça, beaucoup de concertations, de communication. Parce que c’est un problème auquel on ne pourra pas répondre tout seul. Il y a de l’intérêt commun… Il y a quand même un message positif aujourd’hui : des accords ont été passés entre le monde agricole et le monde de la chasse. Je dirais que tout le monde veut aller de l’avant.
- Beaucoup de chasseurs ont arrêté de prendre la carte parce qu’ils ne trouvent plus autant de petits gibiers qu’auparavant, et les battues, pour beaucoup d’entre eux, ne les intéressent pas.
- C’est un problème qui est national. C’est pour cela que je disais qu’il s’agit d’un problème prioritaire. Dans le Gers, je ne dirais pas que nous sommes d’irréductibles Gaulois, mais nous avons gardé un côté très populaire dans la chasse. Et personnellement, c’est cette chasse-là qui me plaît. Le petit gibier, c’est le travail du chien… mais c’est quelque chose qui, malheureusement, se perd nationalement. Lorsque nous en parlons aux anciens, ils le déplorent toujours. C’est vrai aussi que les habitats évoluent, et ça joue sur le petit gibier. Nous avons un des plus beaux départements, et s’il y en a bien un qui doit préserver ces chasses aux petits gibiers, c’est bien nous.
- Vous pouvez quand même constaté des résultats sur le terrain de votre travail ? Ou faudra-t-il encore être très patients?
- Il y a des résultats. Mais ce que je constate, c’est que ça demande un investissement humain important. Donc, si on a l’habitat qui va bien, et une dynamique avec des gens qui ont envie de s’investir, là, ça fonctionne. Par contre, c’est vraiment très dépendant de ces deux vecteurs-là.
- Par rapport à nos voisins, le département du Gers est-il un des mieux lotis ?
- Malheureusement, les tendances sont un peu les mêmes pour tout le monde. Notamment sur la baisse du nombre de chasseurs. Là où nous sommes les plus mal lotis, encore une fois, c’est sur la question des dégâts.
- Au niveau national, beaucoup de chasseurs ont de plus en plus le sentiment que nos gouvernants veulent faire disparaître la chasse, pour ne garder que les chasseurs « officiels » pour réguler le grand gibier. Partagez-vous ce sentiment ?
- C’est vrai que parfois je déplore ces attaques que nous subissons de l’extérieur. C’est pour cela que lorsque je m’adresse à mes collègues lors d’assemblées générales, je leurs dis qu’il faut que nous arrêtions de nous battre entre nous, parce qu’il y a suffisamment d’attaques extérieures. Il faut être soudés entre nous, et je dirais même soudés entre modes de chasse. Je le vois au sujet des chasses traditionnelles qui tombent peu à peu à cause des attaques extérieures. Finalement, nous ne sommes pas solidaires entre chasseurs. Petit à petit, le monde de la chasse se fait grignoter. C’est parce que nous sommes mauvais sur cet aspect de solidarité et de soutien entre nous.
- Contrairement aux autres acteurs de la campagne et de la nature, les chasseurs sont ceux qui gardent toujours la moins bonne image…
- J’aime bien faire ma propre auto-critique. Même si on a tendance à évoluer là-dessus, je trouve que nous, chasseurs, sommes de très mauvais communicants. D’autres structures de la nature communiquent bien mieux que nous, sur les actions qu’ils mènent. Notamment sur les aménagements des habitats. Pour avoir travaillé avec d’autres structures naturalistes, je me suis rendu compte que nous faisions beaucoup, mais pour autant, nous ne communiquons pas. C’est regrettable. On ne pourra pas être d’accord avec tout le monde, mais si nous communiquons mieux, peut-être que cela pourrait faire évoluer la vision qu’ont les gens des chasseurs. Le chasseur, ce n’est pas seulement quelqu’un qui se promène avec son fusil et qui tire sur tout.