Samedi dernier, le théâtre de Carmes à Condom des sifflets des paquebots rentrants d'Algérie, résonnaient aux oreilles et au cœur du public, venus nombreux à l'invitation du Cercle Algérianiste du Gers.
L'association avait organisé deux tables rondes, une conférence et une exposition.
La première table ronde, portait sur l'arrivée des rapatriés en 1962 : Exil, Accueil. La Présidente de l'association, Marie-Paule Garcia, a lancé le débat en donnant la parole à Claudie Fieux, Condomoise et journaliste qui a recueilli la parole de ces exilés d'Algérie française, venus s'installer dans le Gers. Ces témoignages, tous bouleversants seront rassemblés dans un recueil à paraître. "Tous voulaient reconstruire une vie nouvelle et oublier la traversée de l'exode "rappelle-t-elle.
Jacqueline Curato, fait la différence entre exil et exode. A cette époque, c'était "la valise ou le cercueil, nous nous embarquions pour le plus grand déplacement de population mondiale. Un pont aérien international et maritime transporté près d'un million de pieds-noirs, comme on les appelait alors. Pour nous, qui n'étions que des enfants à cette époque, l'accueil dans les écoles n'était pas si accueillant que cela" déclare-t-elle.
Hervé Cortès, père, grand-père et arrière-grand-père, confie avec émotion, "en Quittant l'Algérie, nous avons tout perdu. Il a fallu tout recommencer dans un pays qui ne nous attendait pas. Nos ancêtres étaient des pionniers au départ et nous, nous devenions des pionniers au retour. C'est sans doute ce qui fait notre fierté d'être pieds-noirs" conclut-il.
La deuxième table ronde portait sur la cuisine pied-noir : Consolation, célébration. Mais ici, ce n'est pas de recette dont on a parlé mais plutôt de saveur, de rituel, de senteur de rassemblement autour d'un plat pour partager des recettes simples et goûteuses. Line Laroche, nous a contés des moments de vie autour d'un met si typique pour les gens de là-bas. Alain Vircondelet, l'invité d'honneur de cette journée, a dessiné pour un public ému, ces ambiances de femmes, mères, grands-mères ou tantes faisant si lentement la cuisine. "Cette cuisine, ancrée dans les papilles et dans le cœur, comme pour conjurer le malheur d'un paradis perdu, comme un baume salvateur sur des blessures inguérissables. Ayant quitté l'Algérie avec une seule valise, il ne nous restait plus rien, sinon les saveurs de cette cuisine qui nous bouleverse à chaque fois qu'on s'y approche" explique-t-il.