10 janvier 2025
Les occitans, étaient invités et partenaires pour cette commémoration des libertés communales, le discours de Jean-François Laffont illustre parfaitement l'esprit de CONVIVENCIA comme il le souligne. De là il semble nécessaire de le publier..
Mesdames et Messieurs
Comme j’aime le dire chaque année lors de cet évènement, il me revient de rappeler que nous devons la célébration de nos libertés communales à une initiative de notre ami Jordi Labouysse, qui le 6 janvier 2001 en compagnie du regretté Jean Villote sont allé se recueillir devant st Pierre de Cuisines …sous un parapluie.
Depuis la Mairie accueille cette manifestation historique que nous co organisons chaque année avec notre association CONVERGENCIA OCCITANA dans la salle des Illustres de notre Capitole dont la fondation a été décidée ici même par ces mêmes Capitouls !
C’est pourquoi je tiens à citer chaque année l’excellent travail d’historien de Mr Labouysse qui rappelle « qu’au moyen âge le Comté de Toulouse était une société ouverte et plus « libérale » que la société féodale du nord de la Loire.
Ce n’est sans doute pas un hasard si dans l’Occitanie de cette époque Juifs et Arabes jouissent de tous les droits du citoyen et peuvent accéder à des fonctions importantes. A Toulouse c’est dans le quartier de la rue Joutx-Aigues que se regroupe la communauté juive en toute liberté au milieu de Chrétiens… du moins jusqu’à la conquête française.
Si la Francie (Bassin Parisien soumis à l’autorité d’un roi) est un pays où le droit coutumier reste prépondérant, les pays occitans sont coutumiers du droit écrit, héritage du droit romain (administratif, financier et pénal), codifié par les Wisigoths au Ve siècle (rédigé et promulgué par Alaric II en 506….Alaric II un des 7 rois qui ont régné sur Toulouse et l’empire Wisigoth..sa statue se dresse à Madrid puisque l’Espagne reconnait qu’il est un des fondateurs de ce pays, peu de Toulousains savent qui nous avions de tels princes éclairés en ces temps si lointains à Toulouse, dans un Palais parait t il merveilleux qui se dressait Place Saint Pierre…
Plus tard, dés le IXe siècle le Comte de Toulouse ne reconnaît pas de suzerain (il ne rend donc pas hommage au roi de France qui est très loin!) et il est seul souverain du Comté, un véritable « Etat » autonome.
Les liens vassaliques y sont très affaiblis à tous les échelons de la société occitane.
Il règne en cette époque un esprit de « CONVIVENCIA » dont nous sommes très fiers : Cette notion nous venait alors des valeurs véhiculées par les troubadours et au contact de la civilisation catalano-aragonaise, toute imprégnée de ses racines à la fois chrétiennes et Musulmanes, depuis que Cordoue eu régné sur la péninsule ibérique.
Nous avons depuis 2018 engagé un véritable « plan convivencia » dont la Mairie de Toulouse a su s’emparer, nous menons des actions autour de cet « art de vivre dans le respect mutuel de l’altérité » dans les quartiers de la ville et notre festival de la Sant Joan, à la fin juin, devient peu a peu un pôle d’expérimentation majeur autour de notre convivencia toulousaine.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que les franchises urbaines se développent au cours du XIIe siècle et que la « Comuna de Tolosa » cherche à s’affranchir de la tutelle comtale.
En 1152 on note pour la première fois la mention d’une municipalité constituée d’un « Commun Conseil »
En 1175 les consuls détiennent presque tous les pouvoirs
Dès lors la voie est libre pour l’indépendance totale de la municipalité, concrétisée lors des émeutes du 6 janvier 1189 qui marquent véritablement la fondation d’une république consulaire. Il est à remarquer que les Capitouls administreront la commune jusqu’à la Révolution française, durant 600 ans!…
Et cela malgré les vicissitudes de l’Histoire: la guerre de conquête du Comté imposée dès 1209 par la Francie lors de l’affaire albigeoise; le désastreux traité de Paris-Meaux dicté par Blanche de Castille qui prévoyait entre autres la création d’une université à Toulouse chargée de réprimer les contestations du nouveau pouvoir établi; les persécutions de prétendus « hérétiques » et de juifs (port de la rouelle cousue sur les vêtements, etc…) par les inquisiteurs et par le roi Louis IX (dit « saint »-Louis); le rattachement définitif au domaine royal et les tentatives de main-mise sur la municipalité toulousaine par la monarchie absolue, sous Louis XIV en particulier … »
Cet esprit de liberté et d’indépendance, cette pratique de la Convivencia a malgré tout perduré, tant ils infusent la civilisation occitane et à Toulouse en particulier, cela explique sans doute notre art de vivre, notre façon d’accueillir l’autre, notre habitude insolite de dire merci au chauffeur du bus…ou de répondre : avec plaisir !
Ces valeurs sont présentes ici même sur les voutes de cette salle, puisque les paroles de notre hymne la Toulousaine y sont peintes !
.. « Que je suis fier de tes académies, des monuments, qui ornent notre cité, de ton renom et de ta poésie et de ton nom depuis si longtemps cité. J’aime aussi notre langue Gasconne qui nous donne tant de joie O mon pays O mon pays O TOULOUSE ! que j’aime tes fleurs ton ciel, ton soleil d’or… Auprès de toi, l’âme se sent heureuse et tout ici me réjouis le cœur …et tes guerrier dans la noble vengeance, fit plier le front des sarrasins, de ta fierté et de l’indépendance qui de tout temps régnât, dans le pays, à que je suis fier de ma ville si belle qui me rappelle tant de souvenirs…. »
Oui, monsieur le maire, Mesdames et Messieurs les élus, chers amis, aujourd’hui nous célébrons Toulouse et sa liberté cette ville si fière qui a su conquérir de haute lutte en ce matin du 6 janvier 1189, de véritables libertés, totalement nouvelles pour ne pas dire incongrues en ce XIIe siècle dans cette partie de l’Europe.
Mais aujourd’hui comme vous le disiez hier, monsieur le Maire lors de vos vœux, notre démocratie est bien malade, notre pays ne sait plus à quel saint se vouer. Nos politiciens se déchirent sur des ambitions personnelles et chimériques. Il semble qu’à Paris, on ait perdu le sens de l’État, le sens de la nation à laquelle les occitans ont toujours participé de grand cœur, dans les tranchées ou sur les barricades,… le sens du pays.
À Toulouse pourtant c’est différent. Il faut que cela soit différent et je vous remercie Monsieur le maire de votre ambition et de votre ténacité à mener la barque de notre démocratie municipale, sans jamais tourner le dos à votre ville et sans céder à des aspirations lointaines…. En effet, si TOULOUSE est fière de son indépendance TOULOUSE le mérite au moins depuis plus de 836 ans !
Mais cette année et malgré tout, Ongam e çà qué la, Contunharem de celebrar los nostres glorioses tolsencs del sègle 12, farèm a l'encòp reflorir las flors tolosanas dels nòstres trobadors e anirem ufanosament cap a l'avenidor dins lo lum dels aujols !
Viva la libertat, viva la Convivencia e per TOLOSA TOTJORN MAI !
JEAN FRANCOIS LAFFONT Président de CONVERGENCIA OCCITANA