Julien VIGNEAU : « Je ne veux pas aller en Fédérale 1 par la petite porte »

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Le co-président de l'ASF ne veut pas de relâchement dans ses rangs. Il a prévenu ses joueurs avant le choc face au RCA.

Alors que son club va jouer sa survie en Nationale 2 pendant les prochaines semaines, et surtout, à la veille d’un derby très attendu contre le RC Auch, Julien Vigneau, co-président de l’AS Fleurance (avec Jérôme Lhospital), nous livre sans détours ses impressions sur son équipe, sur ce championnat de Nationale 2, sur l’avenir de l’ASF… Paroles d’un passionné et d’un amoureux du rugby gersois.

 

- Julien Vigneau, votre entraineur Walter Desmaison ne cache pas son agacement depuis quelques temps concernant le manque d’engagement de certains joueurs de l’ASF…

- On est sur la même longueur d’onde. J’ai déjà reçu les joueurs dimanche soir ; nous sommes parlé après le match contre Marmande. Et on se reparlera encore. Avec mon co-président (Jérôme Lhospital), nous avons un message à leur faire passer qui est sensiblement le même que celui de Walter (Desmaison). Moi, j’ai une vision plus haute et plus large pour le match de samedi (à Auch). Le derby est important parce que ça reste aujourd’hui le match au plus haut niveau dans le département du Gers. Ce sont des matchs qui ont une saveur particulière, qui se jouent devant 3 000 personnes à l’aller comme au retour… La vision du club et la mienne est celle-ci : il nous reste sept matchs à jouer. Et à un moment, il nous faut un déclic. Je ne veux pas taper sur les joueurs parce que ce (le classement) n’est pas la vérité, on n’est pas loin. On sait faire. On perd de quelques points. Sauf qu’aujourd’hui, nous avons perdu quatre fois à la maison.

- Walter Desmaison le disait ces jours-ci qu’il restait sept finales à jouer. Concernant le match de samedi, à la limite, peu importe pour Fleurance que ce soit Auch en face, non ? Il vous faut gagner !

- De toute manière, ces sept matchs seront durs à gagner, comme les autres de la saison. Mais ils sont tous gagnables. On est capable de les gagner. Il faut avoir l’envie et l’agressivité pendant 80 minutes.

- On en revient encore à ce manque d’investissement que regrettent vos entraineurs. Vu de l’extérieur, on a l’impression que certains attendent que la saison se termine pour pouvoir partir.

- Oui, clairement. Ce serait simple si nous n’avions que trois joueurs pas impliqués, on les écarterait. Le problème est que c’est un peu à tour de rôle. On va avoir des gens non impliqués qui, après, s'impliquent de nouveau. Nous, aujourd’hui, nous sommes dans l’obligation de réagir. On ne peut pas se laisser marcher quatre fois dessus à la maison. Pour les joueurs, une saison, c’est autant pour eux, leur avenir, leur histoire personnelle, que pour l’histoire collective. Le déclic, ce sera sur l’intégralité d’une rencontre de démontrer que les 23 joueurs qui seront sur la feuille de match samedi ont bien l’intention de tout donner. De mettre tous les ingrédients, individuellement et collectivement durant tout le match. Après, si on fait ça sept fois, on gagnera des matchs, et on en perdra aussi. De toute manière, la Nationale 2, il lui reste un an à vivre.

- Oui, c’est vrai, les dirigeants du rugby veulent une refonte de ces championnat de Nationale et Nationale 2. Que pouvez-vous nous en dire ?

- Cela a été décidé. Nous avons encore une ou deux réunions de présidents qui vont avoir lieu. Des choses vont être validées. L’an prochain, le format sera le même que cette année. Mais pour la saison 2026-2027, la Nationale 2 va disparaître, au profit d’une super Nationale 2 ou de deux poules de Nationale 1. Voilà, c’est cela qui n’est pas tranché. Nous, l’AS Fleurance, sommes déjà au maximum de là où l’on peut être. Donc, aller encore plus haut, nous n’en aurons pas les moyens. Nous ne serons pas invités financièrement. Clairement, à l’horizon d’ici deux ans, nous serons en Fédérale 1. Mais moi, je ne veux pas y aller par la petite porte en Fédérale 1.

- Pour en revenir aux soucis de motivation et d’envie que rencontrent l’ASF ou d’autres clubs, c’est peut-être dû, aussi, au fait que l’on trouve de moins en moins de joueurs issus du cru, non ?

- C’est le danger de cette division, parce qu’elle nécessite de recruter ailleurs. Et nous, l’avantage que l’on a, et nous le verrons quand il faudra peut-être descendre, on aura très peu de départs. Parce que les joueurs qui sont venus à Fleurance, ce sont de jeunes des environs. Mais une des raisons pour lesquelles ce championnat est amené à disparaître, c’est qu’à terme, ne peuvent jouer au niveau de Nationale 2 que des joueurs qui ont au moins joué en Crabos, ou en Reichel ou en Espoirs. Et aucun club de N2 n’a des Reichels, parce qu’il n’en a pas les moyens. Et à un moment, le réservoir s’épuise, et fatalement il est sourcé par des joueurs extérieurs. Nous venons de faire deux saisons en Nationale 2 avec la même configuration. Mais, le problème, il est plus sur l’épuisement. C’est une division difficile. On a fait le choix de baisser la voilure, de baisser le nombre de joueurs dans le groupe. Donc, les entraineurs ont à disposition moins de joueurs que nous n’en avions. On a baissé notre budget de 200 000 euros. Ça, c’est une vérité. Et c’est une des explications sur le fait que le régime est moins fort cette année. Et pourtant, on n’est pas loin du bout. On prendrait 50 points à tous les matchs… mais là, c’est ça qui est frustrant, on n’est pas loin. C’est pour cela que pour exister à ce niveau, il faut que les joueurs soient à 110 %… Le derby qui arrive, c’est bien. Car c’est toujours bien d’enfiler le maillot devant 3 000 personnes. Mais le supplément d’âme, il ne faut pas l’avoir que ce samedi, il faut l’avoir pour les autres matchs qui arrivent… même si on n’est pas né à Fleurance.

- Ce que vous disiez auparavant concernant la fin future de ce championnat, ce n’est pas très enthousiasmant lorsqu’on est joueur, ou même dirigeant…

- Paradoxalement, ça peut apporter une motivation supplémentaire. Nous savons que sur les 24 clubs de Nationale 2, globalement, il y en aura douze qui vont repartir en Fédérale 1. Donc, à ce moment-là, en sachant qu’il y aura six descentes, ce sera une motivation supplémentaire pour essayer de se sauver. Parce que si nous descendons cette année, avec la « cascade » qu’il y aura l’an prochain… Donc il faut rester le plus haut possible avant que la « cascade » démarre. L’objectif est clair : c’est pouvoir jouer au plus haut niveau amateur que nos moyens le permettent.

- Peut-on connaître le budget de l’AS Fleurance pour la saison ?

- 800 000 euros. On est passé de 980 000 à 800 000… En dessous d’un million d’euros, c’est quand même très compliqué de vivre en Nationale 2.

 

Propos recueillis par Jean-Marc RAMEL

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