Les étrennes, un mot dont beaucoup aujourd'hui ignorent le sens. En effet, cette tradition qui consistait à offrir des présents ou de l'argent à certains corps de métiers – les pompiers, les facteurs, les gardiens d'immeubles, les employés de maison mais aussi les enfants – disparaît peu à peu.
Elle se maintient encore par le biais des calendriers proposés par les pompiers et les facteurs.
C’est une tradition très ancienne qui remonterait à l’époque romaine.
Le mot tirerait son origine du bois sacré de la déesse Strenia où l’on allait cueillir de la verveine destinée aux magistrats de la cité.
A Rome, la verveine est une plante de grande valeur en raison de ses vertus pharmaceutiques. Le geste d’en donner à quelqu’un est donc naturellement interprété comme le souhait de bonheur pour l’avenir.
La verveine tomba en désuétude. Elle fut remplacée par le miel, les dattes et les figues.
Puis l’on se mit à donner pour étrennes aux magistrats des médailles, des monnaies, de l’argent,...
À la différence de ce qui se passe de nos jours où les étrennes sont offertes à ceux qui rendent différents services, à Rome, les étrennes sont apportées aux figures de la ville. Chaque client doit offrir au moins une pièce de monnaie au "patron" qui le protège. Dès le début de l'Empire, les habitants de Rome prennent l'habitude d'apporter des étrennes à l'empereur dans sa maison. Sous le règne d'Auguste, pendant toute la durée du mois de janvier, les Romains, du plus modeste au plus prestigieux, font la queue devant la demeure de l'empereur et déposent devant lui des monceaux de présents, allant de la simple pièce de monnaie à des bijoux précieux.
Le christianisme voulut réagir contre la coutume des étrennes. Mais elle se maintint en dépit de tout.
Sous Louis XIV, le luxe des étrennes était considérable.
Dans mes souvenirs d’enfant, les étrennes, c’était ce qu’on vous donnait si vous aviez rendu service, si vous aviez été gentil, si vous aviez aidé la mamie à attraper le chat, si vous aviez porté son panier… on vous disait : « Tu passeras pour les étrennes »...
On nous donnait quelques piécettes ou une poche contenant quelques dragées, des pralines, des chocolats.
A l’école, on comparait le montant des étrennes reçues !
Au début du siècle dernier, on racontait que les facteurs gagnaient un 13e mois grâce aux étrennes.
Ils passaient en effet dans toutes les maisons où ils étaient considérés comme faisant partie de la famille.
Ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui.
Les derniers à recevoir des étrennes resteront probablement les pompiers que l’on remercie de cette façon pour tous les services rendus à la population.
Pierre DUPOUY