Oui, les premières dégradations sont visibles.
Bulldozers, pelles mécaniques et immenses grues s’activent désormais sur ce terrain autrefois fertile, situé à l’entrée du village de Masseube et en bordure de rivière.
Le 15 novembre dernier, sous le regard de manifestants encadrés par les forces de l’ordre et parqués sur arrêté municipal, la SPL Trio a posé une “première pierre”. Un geste symbolique, mais qui en dit long : cette pierre était un Lego en plastique.
Un Lego en plastique, vraiment ? Tout un symbole dans ce projet qui prétend s’inscrire dans une démarche écologique. Mais rappelons que, contrairement au verre, chaque recyclage de plastique entraîne sa dégradation progressive. Alors, oui, trier reste nécessaire, mais il est tout aussi indispensable de réduire massivement la production et l’utilisation de plastique. Construire des centres de tri de plus en plus gros n’est pas la solution.
Des inquiétudes et des contradictions
Francis Dupouey, vice-président du Conseil départemental du Gers, s’inquiète :
« Ils ont perdu face au service public. » « Mais ils ont perdu, et ce centre de tri interdépartemental se fera. »
Ces propos suscitent des questions. Les recours déposés devant le tribunal administratif visent à dénoncer des manquements à la réglementation et une absence de délibération des collectivités publiques, laissant la main au privé sur le fonctionnement et l’emploi. Pourtant, ces recours ne sont pas suspensifs et n’ont donc en rien retardé les travaux. Il est vrai que les rapports du président de TRIGONE avec la justice sont quelque peu élastiques puisqu il vient d 'être condamné pour pollution par le Tribunal correctionnel d’AUCH le 19/11/2024.
En réalité, le principal frein à l’avancée du projet résidait dans son financement. Avec moins de 10 % de subventions obtenues, il a fallu chercher des emprunts. Ce n’est donc pas la contestation citoyenne qui a alourdi la facture des contribuables gersois.
Des suppressions d’emplois en vue
Le passage de trois centres de tri à un seul, à Masseube, soulève d’autres interrogations. Ce regroupement vise clairement une rentabilité économique, mais à quel prix ?
• Une réduction des effectifs, passant de 71 emplois à 52 ;
• L’obligation pour les employés de se déplacer, avec les coûts et contraintes que cela implique ;
• Le remplacement des emplois publics par des emplois privés pour les futures embauches.
Et qu’en est-il du trafic routier ? Alors que le président de Trigone évoquait « 7 à 8 camions par jour », ce chiffre a été révisé « 35 camions par jour apporteront les déchets sur les lieux » a-t-il déclaré, ce qui fait 70 passages de camions par jour uniquement pour apporter la matière.
Où est la démocratie ?
Le projet a été présenté comme vertueux, mais pourquoi n’a-t-il pas été soumis à une consultation plus large ? Ce centre concerne 600 000 habitants sur trois départements, pourtant seuls les habitants de Masseube et de Lourties ont pu participer à une consultation publique.
On nous dit que « la démocratie est fragile ». Et c’est vrai. Dans notre région, la démocratie participative reste une idée théorique. Les élus se disent « fatigués des procès d’intention », mais alors, pourquoi ne pas écouter leurs électeurs ?
Une opposition légitime
Les opposants ne s’élèvent pas contre le principe d’un centre de tri, mais contre son implantation à Masseube. Pourquoi ?
• Parce qu’un centre de tri dans un village augmente les risques pour la population en cas d’accident industriel ;
• Parce qu’il est construit en bordure d’une rivière, sur une zone sujette aux inondations ;
• Parce qu’il artificialise des terres fertiles ;
• Parce qu’il est desservi par des routes départementales déjà accidentogènes ;
• Parce qu’il accroît le bilan carbone, à rebours des objectifs environnementaux.
• Parce que le recours au ferroviaire ne sera pas possible à cet emplacement.
Contacts presse
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