À l’approche des fêtes de Saint-Matthieu, Robert Couffinal, notre spécialiste occitan, partage avec nos lecteurs quelques vers écrits à ce sujet en 1857 par le poète (Louis-) Olympe Bénazet 1802-1879.
Il nous en propose également à la suite une traduction.
La partie finale est adressée au maire de l’époque, Henry de Rivière (1853 à 1857).
LA HÈSTA DE SENT MATHIOU a Bic de Fesensac
Uno festo raro,
La de sent Mathiou,
A Bic se preparo
Coumo per un Diou ;
Moussu de Ribièro
Que n’es toutjoun mairo
Al noum de la le,
Per la randre digno
De soun ourigino,
N’espragno pas re.
Messius les Bicoueses
Illuminaran,
Et les bals proumeses
Alors brillaran ;
Pes focs d’artifici
Et jocs de caprici
Dignes de la cour,
La bilo animado
Sera transfourmado
En un bel séjour.
Dins lour impatienço
Que de gens bendran
L’un en diligenço,
L’aoutre en char-a-banc !
Aqueste en brouetto,
Aquel en carretto,
Et le mouligné
Sur uno bourriquo
Ambe un doumestiquo
Et soun fil a pè.
Les paysans en bilo
Toutjoun accuillits,
S’y randran per millo
Ambe lours amits ;
La placo loucalo
Serbira de sallo
Per les fa dansa,
Et seran hurouses
Coumo d’amourouses
Que ban espousa.
Jean ambe Lisetto,
Pierre ambe Suzoun ;
Paul ambe Toinetto,
Marc ambe Françoun ;
Urbén ambe Alino,
Roch ambe Delphino,
Just ambe Leda,
Bertrand ambe Isoro,
Ramoun ambe Floro,
Luc ambe Clara.
De belcop de coumunos
Las Damos se randran ;
Las bloundos et las brunos
Al bal trioumpharan ;
Las aymablos Bicouesos
Poulidos et pla mesos
Lour cedáran le pas ;
Et les galans Bicoueses
En chebaliès franceses
Lour ouffriran le bras.
Y aoura de Gimountoisos
Bellos coumo le jour ;
De jouenos Coundoumoisos
Fourmados per l’Amour ;
Forço Nougaroulesos,
Tres nymphos Mirandesos
Et dos de Mountpezat,
Que de las de Balenco
An l’esprit, l’éleguenço
Et l’amabilitat.
Y aoura las pu poulidos
D’Aouch et del Castera,
Que semblon de Silphydos
Quand danson la polka ;
De Jegun las liounos,
D’Eouzo las amazounos,
Et las des embirous
Que brillon dins las festos
Coumo d’amos céleslos
Al séjour bienhurous.
A MOUSSU LE MAIRO.
Noble Aoutou d’aquello journado,
Bous feliciti francoment
De ço que l’abèts counsacrado
Al profit del pople endigent ;
Dins toutos las crisos funestos
Abets coumpres que de fas festos
Un pichou coumo un grand, diou toutjoun proufita,
Et que dabant Diou que citi
Le riche n’a de meriti
Que quand le paoure a de pa.
Olympo BÉNAZET. 1857
LA FÊTE DE SAINT MATTHIEU à Vic-Fezensac
Une fête rare,
Celle de Saint Mathieu,
À Vic se prépare
Comme pour un Dieu ;
Monsieur de Rivière
En est toujours le maire
Au nom de la loi,
Pour la rendre digne
De son origine,
Ne s’épargne pas.
Messieurs les Vicois
Illumineront,
Et les bals promis
Alors brilleront ;
Avec les feux d’artifice
Et les jeux de caprice
Dignes de la cour,
La ville animée
Sera transformée
En un beau séjour.
Dans leur impatience
Les gens viendront
L’un en diligence,
L’autre en carriole !
Celui-ci en brouette,
Celui-là en charrette,
Et le meunier
Sur une ânesse
Avec un domestique
Et son fils à pied.
Les paysans en ville
Toujours accueillis,
S’y rendront par milliers
Avec leurs amis ;
La place locale
Servira de salle
Pour les faire danser,
Ils seront heureux
Comme des amoureux
Qui vont épouser.
Jean avec Lisette,
Pierre avec Suzon ;
Paul avec Toinette,
Marc avec Fanchon ;
Urbain avec Aline,
Roch avec Delphine,
Juste avec Lydie,
Bertrand avec Isaure,
Raymond avec Flore,
Luc avec Claire.
De nombreuses communes
Les Dames viendront ;
Les blondes et les brunes
Au bal triompheront ;
Les aimables Vicoises
Jolies et bien mises
Leur cèderont le pas ;
Et les galants Vicois
En chevaliers servants
Leur offriront le bras.
Il y aura des Gimontoises
Belles comme le jour ;
De jeunes Condomoises
Formées pour l’Amour ;
Beaucoup de Nogaroliennes,
Trois nymphes Mirandaises
Et deux de Montpezat,
Celles de Valence
Ont l’esprit, l’élégance
Et l’amabilité.
Il y aura les plus jolies
D’Auch et de Castéra,
Qui ressemblent à des Sylphides
Qui dansent la polka ;
De Jégun les lionnes,
D’Éauze les amazones,
Et des environs
Elles brilleront dans les fêtes
Comme des âmes célestes
Au séjour bienheureux.
À MONSIEUR LE MAIRE
Noble Auteur de cette journée,
Je vous félicite franchement
Que vous l’ayez consacrée
Au bénéfice du peuple indigent ;
De toutes les crises funestes
Vous avez compris que des fêtes,
Un petit comme un grand doit toujours profiter,
Et que devant Dieu que je cite
Le riche n’a de mérite
Que quand le pauvre a du pain.
Olympe BÉNAZET 1857
Traduction : Robert Couffinal