Une marche pour refuser un projet de méthanisation agro-industriel

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L'association Abivia, la Confédération Paysanne du Gers et les Amis de la Terre 32 communiquent :

"C'est par un froid sec mais sous un beau soleil qu'environ 70 personnes se sont mis en marche dès 9h ce dimanche 26 novembre, pour un premier cortège de 2.6 km reliant le village de Saint-Arailles au lieu-dit en Sabathé, dans un champ proche de là où le méthaniseur de La Nouguère voudrait voir le jour.

Le deuxième cortège est parti vers 11h30 pour une boucle de 4,5 km passant par le village de Montesquiou.

Le nombre de participants à la marche a atteint 80 personnes au plus haut de la participation: une marche qui s'est déroulée dans une ambiance conviviale et militante avec des marcheurs malgré tout déterminés et non-violents.

Cette marche a été organisée dans le but de marcher pour protéger nos biens communs : le sol, l’eau, l’air, pour défendre une agriculture paysanne nourricière des hommes, des femmes et de la biodiversité, pour protéger nos paysages, pour notre sécurité, loin des accidents industriels, pour refuser le projet de méthanisation agro-industriel de la Nouguere et sa captation d’argent public pour le profit des sociétés d’énergie.

Des prises de paroles ont eu lieu à la première étape par les représentants de l'association Abivia, de la Confédération paysanne du Gers et des Amis de la Terre 32 afin d'exposer leurs arguments de refus de ce projet de méthaniseur et plus généralement de la méthanisation agro-industrielle sur notre territoire."

Prise de parole d'Abivia :

" Pourquoi sommes-nous là ?

Parce que la réunion du 2 novembre dernier organisée par Biogazcogne et son bureau d’études n’a toujours pas rassuré riverains, habitants, citoyens. Il n’y a aucune garantie pour un projet vertueux.

On peut concevoir une méthanisation à l’échelle d’une ferme, qui traite ses propres déchets « vrais », en circuit court, pour sa propre consommation.

La méthanisation raisonnable est celle qui conserve la santé environnementale sur le long terme.
Elle doit ne pas avoir d’incidence sur l’environnement, la biodiversité, sur les populations, respecter le cadre de vie et le bien vivre ensemble sur notre territoire.

Il faut savoir que des études de scientifiques, totalement indépendants, prouvent que la méthanisation ne serait pas une énergie décarbonée, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire.

Avec Biogazcogne rien de tout cela.

Nous sommes tous concernés.

Cela fait 3 ans et demi que nous luttons contre ce projet financier et industriel qui est à l’opposé des valeurs écologiques et de la préservation de la biodiversité.
Cela fait 3 ans et demi que nous sommes en contact avec le CSNM (Collectif Scientifique National Méthanisation raisonnable) et le CNVMch (Collectif National Vigilance Méthanisation Canal Historique) regroupant de nombreux collectifs et associations de riverains d’opposants à la méthanisation sur le territoire français.

Cela fait 3 ans et demi que nous constatons les dérives de cette méthanisation et ses dégâts avérés :

Risques et dangers avérés pour les populations et l’environnement, accidents et incidents (explosions, fuites, pollutions…)
Pas de retombées économiques pour les communes, car exonérations de taxe foncière et en plus dégradation des routes à leur charge, donc à la charge du contribuable
Epandage de digestats proches des maisons, ce ne sont pas seulement les proches de l’exploitation qui subiront mais tous ceux qui habitent à proximité des épandages
Dévaluations de l’immobilier, les pertes peuvent aller jusqu’à 50% de la valeur, si le bien arrive à être vendu (ça c’est moins sûr)
Perte d’attractivité du territoire, nuisances visuelles et olfactives impacteront le tourismes local. Il y aura une concurrence sur le foncier qui entraînera des difficultés pour l’installation de nouveaux agriculteurs.

Tout cela se passe déjà dans d’autres régions.
Une conduite de gaz sur Montesquiou de 12,5 km et les autres qu’on oublie de rappeler pour un total de combien ?
Cela présage, comme pour tous les projets, une augmentation de capacité des intrants
Qui paiera le démantèlement du site ? La vallée va être défigurée, notre cadre de vie bafoué.
Nous allons avoir une problématique de la ressource en eau sur notre territoire, car nous sommes alimentés par les eaux de surface, dépendons du canal de la Neste. L’irrigation des cultures CIVEs interroge, de plus avec les températures annoncées pour les prochaines années.

Non nous ne pouvons, nous ne devons pas accepter ce projet mais pour l'intérêt de tous"

Prise de parole de la Confédération paysanne :

"La Confédération Paysanne soutient l’association Abivia dans sa lutte contre le projet de méthaniseur de La Nougère.

Pourquoi ?

Nous sommes un syndicat de paysans, notre métier est de nourrir nos concitoyens. Notre terre doit être protégée des opportunismes économiques qui la détourne de sa vocation nourricière.

Nous défendons une agriculture paysanne: c’est-à-dire une agriculture qui préserve à long terme nos fondamentaux:

Le SOL, avec sa capacité de transformer la matière organique des résidus de culture en humus qui nourrira les cultures, mises en place.

Ce sol sera d’autant plus vivant que les pratiques culturales de rotation longues, de cultures diversifiées et d’élevage seront pratiquées.

L’EAU, grâce à un taux de matière organique élevé le sol est le premier réservoir d’eau pour la nutrition des plantes. La pratique de l’agriculture paysanne réduit l’utilisation de pesticides. La qualité de l’eau que nous consommons est un sujet majeur de santé publique et de coût de dépollution.

La BIODIVERSITÉ, c’est l’équilibre de notre environnement, biodiversité des espèces végétales, animales, du simple micro organisme du sol à la haie refuge d’espèces protectrices de nos cultures et de nos paysages.

L’usine de méthanisation proposée est un projet purement financier.

Il détourne les terres de leurs vocations. Avec les aléas climatiques, nous paysans voyons nos rendements diminuer et donc la nécessité de préserver chaque hectare pour l’alimentation humaine et animale. La souveraineté alimentaire de notre pays est engagée !

Les méthaniseurs accélèrent le cycle du carbone. Ils augmentent la pollution par une production de gaz destinée à la combustion donc à l’émission de CO2.

De plus, ces méthaniseurs sont des outils industriels avec tous les risques qu‘ils comportent: explosions, gestion polluante des digestat…abandon des sites générant des friches industrielles.

Les agriculteurs porteurs de projets sont la caution locale d’une modernité qui en fait les engage sur des investissements financiers énormes dont l’équilibre ne tient que par les subventions publiques à l investissement et au rachat du gaz produit. Le contribuable citoyen paye les profits des énergéticiens partenaires.

C’est une véritable concurrence au revenu paysan et donc à l’installation de porteurs de projets agricoles.

Nos communes sont les dindons de la farce: pas d’emploi créé, la gestion d’un risque industriel et l’augmentation de la dégradation des routes communales en lien avec l’activité de transport d’intrants et de digestats.

Le Gers est capable d’assumer une production d’énergie grâce à l’énergie solaire.

Les études montrent que la couverture des toitures de 400 ha suffit à notre autonomie.

Le bon sens paysan ou le profit de multinationales de l’énergie, le pot de terre contre le pot de fer, nous sommes déterminés à empêcher tous ces nouveaux projets !"

Prise de parole des Amis de la Terre 32  : 

"Pour les Amis de la Terre du Gers,ces projets sont loin d être des projets d'énergies renouvelables;ce sont des projets agro-industriels suscités par des financiers profitant de l'effet d aubaine issue des difficultés d approvisionnement provoquées à la fois structurellement, par la volonté des citoyens de se défaire des énergies fossiles et conjoncturellement par l'agression russe contre l'Ukraine!

Nous ne sommes pas opposés à la méthanisation à la ferme pour un usage autonome comme à St Michel MICHEL (32) ou Gaz de Ferme (65).par contre nous savons que ces gros projets dont certains départements comme le Gers ,le Tarn et Garonne,une partie du Lot et de la Haute Garonne,vont être envahis,sont des projets dangereux pour l'environnement et la biodiversité.

C'est dans cet esprit que nous sommes également opposés aux projets de Gazaupouy et Castelnau Barbarens.

De plus, ces projets au plan national et régional ne prennent aucunement en compte le changement de paradigme qui va toucher notre agriculture;conçue pour nourrir nos concitoyens et reconnue comme étant également une force exportatrice pour l'alimentation des populations défavorisées de notre planète,elle va devenir une machine à nourrir des centrales par le biais de cultures intermédiaires à valorisation énergétique dites CIVES;c est ce risque ,entre autres, qui doit mettre les citoyens et leurs élus devant leurs responsabiltés ; ce ne doit pas être un débat entre des lobbys industriels,qui ont mis l'ÉTAT dans leur poche,et quelques agriculteurs minoritaires à la vision en trompe l'oeil.

Ne recommençons pas l'erreur commise avec le remembrement des années 1960/70 que nous payons largement aujourd'hui!

Les Amis de la Terre du Gers sont prêts au débat dans toutes les instances concernées pour éviter qu une fausse bonne idée ne se transforme en désastre écologique et.....économique"

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