Les Amis de la Terre du Gers, Bien Vivre dans le Gers, ABIVIA et le Collectif Lamazère/L Isle-de-Noé pour un avenir préservé communiquent :
ABIVIA, (Association Bien VIvre en Astarac) a organisé une réunion d'information le vendredi 14 avril à Montesquiou, concernant un projet de méthaniseur sur les communes de Montesquiou et de St-Arailles.
Plus de 80 personnes ont participé à un débat avec Daniel Chateignier, professeur des universités (Caen), coordonnateur du Collectif Scientifique National sur la Méthanisation (CSNM)*, et Éric Eula, ingénieur-consultant dans l’industrie, membre du CNVM (Collectif National Vigilance Méthanisation).
Le porteur de projet a décliné l’invitation. Le député du Gers Jean-René Cazeneuve, a déclaré « être venu s’informer ».
Pourquoi s’inquiéter ?
ABIVIA ne conteste pas la micro-méthanisation à la ferme qui traite ses propres résidus agricoles pour son autoconsommation d’énergie.
Mais le projet de Montesquiou/St-Arailles sera une structure agro-ndustrielle – qui fonctionnera en autocontrôle - avec une capacité d’intrans de 29,99 tonnes/jour, soit plus de 10.000 t par an.
Les conséquences sur l’environnement, l’eau et les biens communs, notre cadre de vie ainsi que les pratiques agricoles sont multiples :
- Afin d’alimenter le méthaniseur, il sera nécessaire de cultiver des CIVEs (Cultures Intermédiaires à Vocation Energétique), qui rentrent en concurrence avec la production de produits de consommation humaine et animale, et sont consommatrices d’eau, là encore au détriment des autres agriculteurs.
- 90 % du digestat (rejet des méthaniseurs) est constitué d’une matière organique dégradée que l’on épand sur de grandes surfaces, avec un appauvrissement des sols ainsi que des risques de pollution des eaux de surface et des nappes phréatiques.
- La sécurité industrielle d’exploitation est insuffisante au niveau des installations, par manque de structures de contrôle. Selon le CSNM, 315 accidents de méthaniseurs entre 1996 et 2020 ont provoqué de graves pollutions suite à des rejets accidentels, des incendies...
- Environ 1 800 méthaniseurs sont en service en France, dont 14 dans le Gers, avec une forte pression gouvernementale et d’importantes subventions pour développer cette activité.
Rappelons que la méthanisation agro-industrielle n’est ni une énergie renouvelable ni une énergie décarbonée.
Le processus de fermentation émet du CO2 et du méthane ; la nécessité d’apport d’intrants extérieurs (CIVEs, déchets organiques…) génère une augmentation du trafic de camions et de tracteurs et un bilan carbone désastreux.
C'est dans ce contexte qu'il est nécessaire et urgent de concevoir et de mettre en place un modèle d’énergies renouvelables de proximité pour notre département, qui n’occupe pas les surfaces agricoles, et soit porté par les collectivités et/ou les citoyens, et non par des industriels qui font miroiter aux agriculteurs des revenus importants, sans les informer des conséquences.
Alors que les habitants ne sont pas consultés, que les études d’impact sont inexistantes, et que d’autres projets sont en cours dans le Gers, la mobilisation se poursuit.
* Le CSNM a été créé en 2018 et regroupe 30 scientifiques indépendants de toutes disciplines, dont deux académiciens ; ses bases de données sont reconnues fiables par les pouvoirs publics.