Cinéma l'Europe a Plaisance

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Le président Patrick Fitan communique

C'est avec émotion, plaisir et recul que je vous signale un sujet sur le cinéma dans le Gers citant Ciné Europe, Plaisance et Ciné32 dans un grand quotidien national (Libération). Ce n'est pas si souvent qu'on parle de nous et de la culture en milieu rural au niveau national, qu'il m'a paru opportun de vous le relater. C'était donc dimanche dernier, à l'occasion du documentaire «Un Paese di Calabria" et de la présence de sa réalisatrice Catherine Catella, un journaliste de Libé se cachait dans notre salle, emmené par surprise par la direction de Ciné32. 

L’article, sorti mercredi, traite "des lieux qui, entre programmations exigeantes et conquête de nouveaux publics, mènent sur leur territoire une action inventive d’exception culturelle. »

Si la presse est souvent subjective et « grossière »  ("Il faut toujours exagérer un peu pour faire passer en deux lignes une idée »), il faut savoir prendre du recul et s’attacher à l’essentiel plutôt que s’étriper sur des détails. On entend déjà des critiques, des oublis, des erreurs… je préfère retenir l’opportunité de faire entendre notre voix et montrer notre action concrète et volontaire pour soutenir le cinéma dans le Gers.

À propos de notre diversité revendiquée, je vous propose de mettre l’accent sur quelques films cette semaine.

Le dernier Lelouch (« Chacun sa vie » avec un incroyable casting) ne manquera pas de faire venir ses inconditionnels ce soir à 20h30.

Le film « Patients » , adapté du livre de « Grand Corps Malade », promet de montrer avec humour et justesse des « tétras », du handicap et de cette résilience à s’en sortir malgré les difficultés.

Enfin samedi soir, nous avons choisit de reprogrammer le documentaire « Et les Mistrals Gagnants ». Les années précédentes c’était « Merci Patron » et « Demain » qui avaient attiré les spectateurs en grand nombre. Cette année, avec plus de 200000 spectateurs en 7 semaines, c’est ce "petit documentaire »   sur 5 enfants atteints de maladies graves qui semble connaitre un succés surprise. Si le thème vous parait difficile, je vous invite à franchir le pas: les leçons de vie que nous transmettent ces enfants avec leurs énergies et leurs volontés , dépassent le cadre divertissant ou artistique du cinéma pour revenir toujours à ce thème:

C’est quoi l’essentiel?

L'article de Libération signé Julien Gester envoyé spécial dans le Gers

"Alors que la culture reste inaudible dans la campagne présidentielle, «Libé» raconte en sept reportages des lieux qui, entre programmations exigeantes et conquête de nouveaux publics, mènent sur leur territoire une action inventive d’exception culturelle. Aujourd’hui, les salles de cinéma du Gers.

Les vagissements d’Envole-moi de Jean-Jacques Goldman qui irradient du bar le Zeppelin, sur la grand-place de Plaisance, n’y font rien : la jeunesse Plaisantine, presque uniformément charpentée pour jouer deuxième ligne, trouve toutes raisons de rester rivée aux terrasses, généreusement gratifiées de soleil ce dimanche après-midi.

Pourtant, au Ciné Europe à deux rues de là, on voit exulter le nouveau directeur du seul écran de ce village gersois d’un gros millier d’habitants : réaliser une soixantaine d’entrées malgré pareille adversité climatique, pour un documentaire, c’est une perf. Au bord de la banqueroute, la salle a été reprise voilà un peu plus d’un an par ce steward d’Air France, Patrick Fitan, qui déborde de trouvailles pour en raviver la fréquentation - dernièrement, il a convié un équipage complet d’A320 en uniforme à présenter Sully d’Eastwood. «L’espoir est revenu, se réjouit-il. On n’est pas pérenne, mais il y a une chance.» 

Par-delà les énergies déployées localement pour faire subsister le cinéma en salle en des contrées si rurales, pèse aussi la remarquable entreprise de mutualisation des moyens et des enthousiasmes qui relie les quinze établissements du Gers, tous labellisés art et essai, instruite voilà bientôt quarante ans par les forces vives de l’association Ciné 32 depuis Auch - préfecture de l’un des dix départements les moins peuplés de France, l’un des rares, aussi, à ne pas subir la loi d’un multiplexe siglé. Mis en réseau comme s’ils ne formaient qu’une seule enseigne, dont chaque salle, plutôt que de s’en trouver vassalisée, conserverait ses prérogatives, tous partagent ainsi de longue date les mêmes instances de programmation, de négociation des copies ou encore de rotation des films entre Mirande, Marciac ou Nogaro. 

Garnison

«On a réussi une forme d’utopie. Mais pour proposer la diversité, il faut s’en donner les moyens», retient le président-fondateur, Alain Bouffartigue, prof de lettres retraité. Les multiples facettes de son très performant édifice ont pris racines dans une frustration, à la fin des années 60, de quitter Toulouse pour se trouver nommé dans une ville où, «sur le plan du cinéma, c’était rude. Je me suis collé à un ciné-club, dans un réfectoire». En 1978, celui-ci se transforme en la salle Ciné 32, bientôt doté d’une myriade d’alliées dans les autres localités gersoises.

Une décennie, une crise de l’exploitation et un plan de relance départemental plus tard, elle donnera son nom à l’association en charge de sa gestion. Daniel Toscan du Plantier, passant par là, souffle l’idée d’un festival. La manifestation fêtera sa 20e édition en octobre. «C’est vraiment de l’artisanat. Souvent il a fallu devancer la prise de conscience des pouvoirs publics de l’utilité de ce que l’on entreprenait, se rappelle Alain Bouffartigue. Le regard de Toscan a valorisé nos activités. Mais au début du festival, les prix consistaient en des lots de produits du cru.» Le bilan 2016 est éloquent : quelque 400 000 entrées dans un département qui compte moitié moins d’habitants. 

A Auch, sous l’impulsion de la numérisation et de l’arrivée voilà dix ans de Sylvie Buscail, venue relayer le père fondateur à la direction de l’association, les écrans ont quitté depuis 2012 l’étroitesse vétuste de rues de la basse-ville, où ils voisinaient avec d’anciens cinémas pornos fréquentés par les soldats en garnison. A quelques centaines de mètres de là, en face du pôle national de cirque et son chapiteau aux airs de meringue, les cinq salles flambant neuves du cinéma permettent de concilier programmation généraliste et art et essai. Sans que l’une ne cannibalise l’autre : «Au contraire, juge la jeune directrice. Les deux volets ont progressé, même s’il y a un vrai travail de décloisonnement à mener de part et d’autre.»

Hors les murs

Ce soir-là, la Belle et la Bête, Sage Femme  et le dernier Kaurismäki font salles presque combles, tout comme le café-restaurant, aux employés et bénévoles «dépassés par le succès». Malgré la convivialité des lieux, Ciné 32 continue de se déployer loin au dehors, comme chevillé à cette idée que la fortune de ses écrans, et de ce qui s’y projette, ne saurait s’enraciner que dans l’action hors les murs. Par exemple au Grand Garros. Un quartier désigné en 2013 «zone prioritaire de la politique de la ville» par l’entrée en considération de nouveaux critères, dont le revenu annuel médian, lequel s’y élève à 7 900 euros.

Samedi, on en parcourait les rues peuplées seulement d’hommes jouant aux cartes sur un capot de voiture, entre édifices déjà réhabilités et tours vouées à la démolition. Au bar du foyer associatif de la Hourre, entre deux tablées d’assidus qui n’ont pas dû voir la déco changer d’un brin en trente ans, et une autre de réfugiés kosovars tapant gaiement le carton, rendez-vous était donné à  de néo-habitués des salles de projection, habitants du quartier. 

Depuis septembre, Françoise, Magali, Nordine, Patrick et d’autres prennent part aux ateliers qu’anime la cinéaste franco-israélienne Tamara Erde, en résidence et tournage au Garros pour un an. Au gré d’ateliers où leur sont exposés les rudiments des métiers de l’image et du son, les uns travaillent à un docu sur la transformation des alentours, les autres à une fiction dont ils ont posé ensemble les principes, sur des improvisations d’enfants. «Ça part de la réalité de ce qu’on vit, enfin de ce qu’on subit, pour raconter comment les gamins voient leur avenir», développe Nordine. «Aux prochains ateliers, on va isoler ce qui nous intéresse dans leurs impros. Mais j’avoue avoir été un peu choquée que leurs rêves soient aussi formatés par le matérialisme», poursuit Françoise. D’autres groupes sont constitués d’écoliers ou de réfugiés accueillis non loin. «Le plus important pour la plupart, explique Tamara Erde, c’est l’image du quartier, qu’ils trouvent injuste et stéréotypée. J’ai été surprise de mesurer combien ils veulent en montrer des aspects optimistes, positifs.» 

Plateforme

Dans le même temps, Sylvie Buscail a associé les bonnes volontés du Garros à un comité de programmation sélectionnant les films projetés dans leur salle polyvalente, ou en plein air l’été. Ainsi beaucoup ont renoué avec, ou découvert, le cinéma en salle, et être marqués par des films aussi divers que Chez nous, Patients ou Loving, parfois rudement. «Pour la plupart, ça ne saurait être qu’un divertissement, constate Sylvie Buscail. C’est impensable pour certains de venir voir un film triste ou qui fait peur. Que ce qu’ils ressentent face à l’écran puisse les aider à appréhender leurs émotions, c’est nouveau pour eux.» Croisé au café du cinéma, Abbas, très investi dans la vie associative, est des convertis : «Des films nous alertent sur les thématiques sociales, la discrimination, la société de consommation, avec des points de vue distants du nôtre. Qu’il y ait autant de manière de dire les choses avec des images, ça percute !»

La démarche, qui a vocation a durer au-delà de la diffusion du résultat des ateliers sur une plateforme web, porte déjà quelques fruits : L’objectif était de montrer qu’en associant les habitants, ça change la donne. Là où les gens de la communauté d’agglo misent pour ce genre de projos publiques sur de grosses comédies familiales, ils ont opté pour A voix haute, un documentaire. Alors que, pour eux, au départ, ce n’était même pas du cinéma".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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