Une novillada authentique
Des Novillos de Dolorès Aguirre intègres , des novilleros vaillantissimes
Une fois encore le club taurin vicois avait tenu son éthique toriste en présentant pour cette novillada de la Saint Matthieu un lot exceptionnel , tête de camade du fer de Dolorès Aguirre , bien dans le type de l’encaste : bien faits avec du tamano, lourds ( 5 00 kilos ) armés astifinos et avec un mental de toro de combat .Ils ont prouvé leur bravoure sous la pique où ils répètent les assauts , partant de loin , et prenant tous trois piques . Ils conservent de l’énergie pour charger la muleta dans le dernier tercio. Les jeunes novilleros (tous trois sud américains ) ont mené un combat courageux devant des novillos puissants et parfois compliqués,ils ont toréé avec beaucoup de cœur.
Manuel Vanegas ( Venezuella ) - rouge et or – Le chef de lidia ouvrit la novillada avec brio. Face à un novillo qui avait pris ses trois piques , Manuel dessina plusieurs séquences de la gauche dominatrices , puis passa sur les deux mains, le novillo ayant des charges rectilignes. Il tua d’un acier bien porté jusqu’à mouiller ses doigts ,la mort fut immédiate .Une oreille tomba du palco .Son deuxième promena la cavalerie dans le ruedo , mais ses longues charges permirent aux banderilleros de saluer. Sa lidia sera très variée avec des passes très serrées, il lui servit une série de muletazos au ras du sol pour le préparer à la mort .Un pinchazo et une épée portée en frôlant la corne - mort immédiate - Applaudissements
JUAN DE CASTILLA ( Colombie ) - bleu et or
Lors de son deuxième contact , le numéro 20 Burgalito , renversa le groupe équestre et revint ensuite prendre sa troisième ration de fer . Cette sauvagerie inquiéta les banderilleros qui se contentèrent de passages lointains. Juan était loin de pouvoir templer ses passes , il dut s’adapter au rythme rapide de son novillo mais resta dominateur. Il termina par une série de statuaires : pieds rivés dans le sable .Une lame de côté mais efficace - Applaudissements . Son deuxième adversaire , très violent , l’obligea à imposer une faena de dompteur et se croisant au maximum il l’obligea à rectifier ses charges ..Il entendra un avis. Une première épée glissera de côté la deuxième sera mortelle. Epée dans le dos , ce novillo renversera le puntillero.
GERARDO RIVERA ( Mexique ) – bronzé et noir - Encore un tercio de pique puissant où le novillo soulève le cheval, c’est alors qu’on peut apprécier le dressage d’Alain Bonijol,le cheval se déplace latéralement et évite la chute .. Deux belles paires de bandérilles sont distinguées par le salut des banderilleros .Les charges de ce toro sont courtes et le museau revient avec les cornes très vite sur les zapatillas . Gérardo effectue tout de même une bonne série de naturelles .Les charges devieennent désordonnées d’où des difficultés de lidia . Un pinchazo et un descabello , silence . Le dernier est un manso perdido, il prend trois piques sans pousser et sort tout seul . Comportement du novillo assassin Gérardo passe à l’épée et conclut après un pinchazo . .
A nos amis aficionados toristes
Dimanche les organisateurs du club taurin vicois pouvaient être très déçus , les tendidos étaient vides . Pourtant … au bar du café du commerce , dans les réunions d’aficionados , on demande le retour à la « corrida authentique » - on déplore l’ersatz de spectacle taurin, alors que souvent on descend les marches d’une arène où on a servi une corrida avec des toros commerciaux sélectionnés par le veedor des figuras , souvent afeités si on les juge trop astifinos .On se satisfait de ces pools de vedettes qui imposent les toros et souvent le torero qui peut les accompagner . Défendre la corrida dans sa vérité c’est soutenir non pas par des discours et des communiqués , mais par une présence effective dans l’arène, être à côté de ceux qui balaient « la mode » pour maintenir la corrida patrimoine.
Pierre Dupouy