Un Chapon à l'Elysée !
C’est une tradition qui date du temps ou le « Ventre de Paris » était les halles de Paris proches du Louvre et du Palais Royal. Les forts des halles offraient au Roi de France un panier de muguet pour fêter l’arrivée du mois de mai. Les Républiques successives conservèrent cette coutume en l’inscrivant dans une tradition républicaine très officielle et protocolaire que les grossistes des halles se firent un devoir et un honneur de conserver en déménageant hors de Paris dans l’actuel MIN de Rungis.
La volaille et le foie gras du Gers à l’honneur
C’est en 1995 que les volaillers de Rungis proposèrent pour la première fois aux Gersois de participer aux vœux du muguet à l’Elysee.
Marc Hervouet, Le Président des grossistes en volailles et gibiers souhaitait faire un panier du muguet spécial volailles et foie gras pour montrer au président de la république de l’époque, Jacques Chirac, le savoir faire français en volailles dont le coq est l’emblème de la France.
Une spécificité très française que beaucoup de nos voisins nous envie encore aujourd’hui par la grande variété de nos produits, le nombre de terroirs sous signes officiels de qualité et un dynamisme très créatif enracinée dans des traditions locales fortes. Les volailles du Gers ont toujours été bien représentées à Paris et à Rungis malgré la distance à parcourir et particulièrement à Noël.
À l’époque du train, la Halle au volaille de Mirande, qui va être baptisée à Pentecôte « Halle André Daguin », l’inventeur du magret de canard et du mini chapon, était le point de départ pour Paris et la Côte. Les volaillers de Mirande y achetaient leurs volailles et leurs dindes de Noël chaque lundi matin . Après les avoir plumées à sec dans leurs ateliers, ils les expédiaient en train depuis la gare de Mirande jusqu’à Paris et Londres. Encore aujourd’hui le Gers est bien représenté en volailles par les Fermier du Gers, la Maison Garbay, Tradition des coteaux ou la Sica Noire d’Astarac Bigorre et en foie gras par les fermes du Puntoun et de Phalanges.
Le chapon Gascon porte drapeau
Dans les années 1990 l’Europe vivait un virage de son histoire avec l’élargissement aux pays s’Europe centrale et à l’évolution des normes sanitaires.
Cette cérémonie devenait une occasion informelle et festive de sensibiliser le pouvoir politique aux spécificités très françaises actuellement protégées depuis 2009 mais qui auraient pu être menacées de disparition si on n’y avait pas pris garde. C’était le cas des présentations traditionnelles comme les volailles plumées à sec avec leur parure de plumes. Une spécialité dont les Gersois sont devenus presque les seuls en France à savoir maîtriser et à proposer encore aujourd’hui. Avec la renaissance de la poule gasconne, il y a bientôt 20 ans, presque à chaque premier mai c’est le chapon Noir d’Astarac Bigorre, emmailloté dans son beau torchon bleu de Lectoure qui monte à Paris rejoindre la Rue du Gers à Rungis pour représenter à l’Elysee la qualité de la volaille française dans un panier de muguet au côté des chapons et dindes de Bresse.
Des Vœux 2023 porteurs d’espoir
Après les années Covid, Le président des volaillers actuel, Gino « l’homme au chapeau », avec le soutien des jeunes grossistes qui assurent la relève, a souhaité redonner du panache à cette cérémonie avec une très belle présentation. L’occasion de montrer au président de la Republique ainsi qu’au ministre de l’agriculture présent cette année le dynamisme et la qualité des filières avicoles françaises. Il était également important pour les grossistes de démontrer à nos gouvernants la nécessité de soutenir les Filieres avicoles, longues et courtes, qui sont fragilisées depuis 2015 par des crises successives de grippe aviaire comme celle de ce printemps qui touche à nouveau des éleveurs de canards et de volailles déjà éprouvés. Une nouvelle épizootie printanière qui risque de perturber les mises en place des volailles festives. Le soutien des services de l’état dans le traitement des crises pour arrêter le virus, la solidarité financière et le soutien dans la mise en place à l’automne prochain des solutions vaccinales sont les facteurs d’espoir pour tous les producteurs, artisans et acteurs de la filière.
Un espoir illustré avec succès par le marché cittaslow de Mirande et le 2 eme festival gastronomique Auch le Goût le Week-end dernier.
Espérons que ce chapon gascon élevé, plumé et emmailloté en Astarac et Bigorre aura bénéficié du même talent gastronomique que nos chefs gersois de la Ronde des Mousquetaires et des Tables du Gers pour le faire déguster au couple présidentiel. L’histoire ne nous dit pas s’il a été accompagné cette fois ci d’une larme de floc de Gascogne. Il se dit que madame la présidente Brigitte Macron apprécierait comme les Dames du Floc sa finesse et son fruité.
