Des élections mouvementées à Préneron...en 1913...

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La date du second tour des municipales n’est pas encore fixée.

Souhaitons que ce second tour se passe plus tranquillement qu'à Préneron en 1913 !

Edmée Dantin, ancien maire de Préneron, a retrouvé dans ses archives une lettre écrite par Roger Vergès, propriétaire du château de Préneron , à André Dantin, père d’Edmée, appelé sous les drapeaux, lettre dans laquelle il raconte la deuxième journée des élections municipales à Préneron en mars 1913.

Le maire de l’époque était Charles Balas, également secrétaire de mairie à Vic-Fezensac ; il connaissait des personnes bien placées  à la Préfecture et s’autorisait certaines « magouilles ».

Il pratiquait par exemple la "technique" de la tâche de graisse sur le bulletin, méthode pour annuler des votes que nous avons racontée dans un précédent article.

Ses partisans votaient aussi en double ou triple exemplaire, pliant les bulletins de telle manière qu’en remuant l’urne lors du dépouillement, ils se dépliaient.

Lors des élections dont il est question, les deux listes en lice eurent la majorité.

Il fallut donc avoir recours à un deuxième tour. C’est au cours de ce deuxième tour qu’il y eut une petite révolution dans le village.

C’est le récit de la journée du 9 mars que l’on trouve dans la lettre de Roger Vergès.

La journée avait pourtant été calme. Mais quand arrivèrent 18 heures, ils étaient environ 400 personnes dans la cour, sur le chemin, on avait même envoyé 5 gendarmes de Vic et de Jegun.

Balas se sait battu et ne veut pas que le dépouillement se fasse à Préneron.

Il sait qu’il y aura contestation et veut faire du tapage dans la mairie pour avoir une raison d’envoyer l’urne à Auch. Ses hommes se mettent à bousculer ceux de la liste adverse.

La liste de l’opposition veut que le dépouillement se fasse à Préneron. Deux cyclistes sont envoyés à Vic-Fezensac pour avis et ils  reviennent en disant que le dépouillement devait se faire à Préneron.

Mais les opposants ne sont pas en majorité au bureau et Balas et ses hommes enveloppent l’urne de papier et l’entourent de ficelle. Ils tentent de la passer par la fenêtre pour que quelqu’un l’emporte à Auch.

On crie, on se dispute, on s’insulte, des coups de poing sont échangés, c’est épouvantable mais l’urne reste à Préneron.

Finalement, Balas prend peur car on le menace de s’en prendre à sa personne et le dépouillement peut enfin se faire dans les règles.

Les colistiers de Balas quittent la salle. Ce dernier est pour ainsi dire abandonné.

On constate que ses partisans ont encore voté en double ou en triple mais la fraude n'est plus possible.

Balas a perdu....

Le résultat est proclamé à 21 heures, il fait noir et le dépouillement s’est fait à la lueur des lampes à pétrole.

"Maintenant, continue Roger Vergès dans sa lettre, il faut installer la municipalité...Ensuite, ce sont les fêtes pour planter les "mails" - il s'agissait de planter un arbre avec un panneau "honneur à l'"élu", ce qui donnait l'occasion d'agapes amicales - 

Cet incident resta longtemps dans les mémoires et fut à l’origine de longues brouilles entre les familles des candidats des deux listes.

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