Il y a encore quelques dizaines d'années, la plupart des petits villages du Gers avaient leur commerce, leur bistrot, leur boulangerie. Puis, petit à petit, les jeunes ont grandi, certains sont partis, et les villages ont vu leur population réduire. L'exode vers les grandes villes, prometteuses, semblait inéluctable et définitif. Et finalement, si ce n'était pas le cas ?
Dans plusieurs régions du Gers, de plus en plus de projets sont menés par des habitants afin de relancer la vie de leur village. Parfois avec difficulté, faisant face à des conflits inter-générationnels ou opposant les "Gersois" aux "néo-ruraux". Et puis aussi, parfois, quelque chose d'autre se passe et tout le monde fait équipe derrière un projet de village.
C'est ce qu'il se passe en ce moment dans une petite commune de l'Astarac : Saint Michel. Avec ses 11 associations pour ses 250 habitants, Saint Michel permettait déjà aux habitants des environs de bénéficier de nombreuses activités. L'école et le bureau de poste maintenaient également un service public de base. Il ne manquait plus qu'un commerce.
Alors, depuis un an, des membres de l'association Au P'tit Michel maintiennent ouvert un dépôt de pain, tous les matins sauf le mardi. Plus de 15 bénévoles, moitiés Gersois, moitiés néo-ruraux, se relayent tous les jours et ils sont formels : "La plupart des clients viennent non seulement pour acheter du pain mais surtout pour discuter avec leurs amis, voisins, ou autre !". Le conseil municipal, dont le maire Fabien Gouzenne, soutient activement le projet. Des travaux sont prévus pour la réfection de l'ancienne boulangerie coopérative du village, dans laquelle œuvre déjà l'association.
D'ici la fin de l'année 2024 l'agrandissement du local devrait permettre d'accueillir une épicerie mettant en avant les produits locaux, mais aussi des petits produits de la vie quotidienne avec un objectif : maintenir les prix les plus bas possible en faisant pas ou peu de marge. La présence d'un café associatif pour y organiser des petites réunions ou évènements devrait permettre de générer de la trésorerie pour payer les charges de l'association.
"On nous parle du temps où les bals de la Caillaouo étaient connus jusqu'à Auch, on dirait que Saint Michel a toujours été un village très actif et festif !", soutient Sophie Champoiral, secrétaire de l'association.
Selon le conseil d'administration du P'tit Michel, la présence d'un café ouvert à tous et mobilisable par les associations des environs rayonnera sur les communes alentours, qui bénéficierons d'un nouveau lieu de vie à s'approprier.
"Maintenant, il nous reste à trouver les fonds. Nous avons quelques dons et plusieurs adhérents, nos deux rayonnages d'épicerie, du gaz bouteille en vente sur place... Un repas est aussi organisé mensuellement pour les ainés avec 40 inscrits à chaque repas, c'est génial pour l'association et la vie locale, et surtout c'est très encourageant. Mais nous avons besoin d'un budget plus conséquent pour acquérir du matériel professionnel", ajoute Fabien Blancafort, trésorier. "C'est pour cette raison que nous souhaitons faire appel au département grâce au Budget Participatif Gersois".
