Le Houga – « Si quelqu'un de nous reste vivant ce soir... »

21 Hubert Labenelle dans le jardin de La Grange 4 1bis 290610.jpg

Hubert avait 13 ans le 6 août 1944

On parle souvent de transmettre aux jeunes générations les valeurs de la Résistance. Quelles valeurs ? Patricia Galabert, maire du Houga, les a citées le 6 août 2017, lors de la commémoration (1) des événements du 6 août 1944 (2) : la justice, la tolérance et le respect d’autrui.

Mais Hubert Labenelle, qui avait 13 ans, a vécu personnellement les événements du 6 août 1944 et, en racontant, à la cérémonie du 6 août 2017, une partie de ses souvenirs de l’époque, il réussit à faire ressentir à ceux qui l’écoutent, l’angoisse qui étreignait la population. Angoisse que n’ont pas connu – Dieu soit loué – les générations suivantes.

Il tient à rapporter – pour les transmettre aux jeunes - certains événements restés dans l’ombre qu’il a vécus lors de cette journée du 6 août 1944, ou que ses parents et des Résistants, comme Joseph Saint-Marc (de Perquié), lui ont racontés.

De ses parents pris en otages, il se rappelle la phrase dite ce matin-là avant 6 heures, par son père, en voyant des soldats allemands cerner puis envahir la ferme, armes braquées, cherchant des maquisards : « Si quelqu’un de nous reste vivant ce soir, il saura qu’il y a « 4 sous » enterrés au pied du poirier au potager ! »

« Des moments tragiques et émouvants »

En effet, la famille s’organise, d’abord pour avertir les maquisards que les Allemands les cherchent à la ferme La Grange (la ferme des Labenelle-Clavé), alors qu’ils sont à la ferme Masséjeau. Pour ce faire, Éloi Clavé, grand-père d’Hubert, envoie le jeune René Dupeyron les prévenir, ce qui est fait. Mais tous les deux sont pris comme otages, à cause de leur absence remarquée par les Allemands.

Chez Hubert, on veut aussi sauvegarder les économies de la famille. Hubert et sa grand-mère sont chargés de les cacher. La grand-mère porte le panier avec les économies et Hubert une pioche pour creuser. Aux questions des Allemands, ils répondent qu’ils vont chercher des légumes au potager et ils passent...

Grâce à ceux qui ont eu le courage de les prévenir, les maquisards étaient déjà à couvert dans la forêt quand, dès 7 h 30 ce 6 août, les Allemands arrivent à la ferme Masséjeau.

Le courage d’Éloi Clavé et René Dupeyron

Hubert Labenelle souligne qu’un autre risque a été évité grâce à Éloi Clavé et René Dupeyron : si les Allemands avaient trouvé et attaqué les maquisards, ceux-ci auraient tué des soldats allemands et les otages auraient été fusillés sur-le-champ.

Autre chose difficile à comprendre pour les Français qui n’ont pas connu l’Occupation : la méfiance engendrée par les dénonciations. Hubert Labenelle constate que, sous l’Occupation, les gens se méfient les uns des autres. La discrétion est primordiale et les rapports humains s’en ressentent. De fait, les fermes Masséjeau (de la famille Ducournau), La Grange (famille Labenelle-Clavé) et Mounéjat (famille Dubuc) ont été fouillées par les Allemands…Coïncidence ?

Il reste que les générations qui ont vécu la tension et les privations causées par l’Occupation ne peuvent les oublier. Et Hubert Labenelle de conclure : « Qui aurait pensé que cette belle forêt [de Bascaules], fréquentée par les bûcherons, les palombes, les lièvres, les chercheurs de champignons, a aussi servi de refuge à de valeureux Résistants, qui ont marché sur des sentiers battus et non-battus pour échapper à leurs dangereux poursuivants ! ».

(1) Voir ici : http://lejournaldugers.fr/article/21443-le-houga-et-toujouse-commemoration-du-6-aout-1944 (2) L’assassinat des 3 maquisards Henri Thiébaud, Pierre Farines et Jean Labastie au bois de Bascaules à Toujouse et la rafle d’otages du Houga et des les environs, parqués à l’hôtel Lafontan, puis incarcérés au Fort du Hâ à Bordeaux.

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