Il y a cent ans : 1917, la deuxième offensive de Verdun

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À l’occasion du centenaire de la première guerre mondiale, la Société archéologique du Gers et les écrivains publics du Gers se sont associés pour vous faire découvrir la chronologie des événements marquants de la Grande Guerre, tels qu’ils ont été vécus par les Gersois, au travers des grandes batailles qui l’ont émaillée. Chacun d’eux sera l’occasion d’un article qui en reprendra les grandes lignes et s’appuiera sur des portraits d’hommes, soldats gersois, morts ou disparus. L’idée de cette série est de leur rendre hommage pour, qu’à travers eux, le sacrifice de tous ceux de 14 ne soit pas emporté par l’oubli, même cent ans après. 

L’été s’installe dans le Gers et la lecture de la presse nous donne quelques indications sur les préoccupations de ceux qui vivent à l’arrière du front. Ainsi, les encarts départementaux de l’Express du Midi permettent de dresser un tableau des évènements gersois, à commencer, en cette période de fin d’année scolaire, par les traditionnelles félicitations aux élèves venant de passer avec succès leur Certificat d’études.

Plusieurs sujets reviennent régulièrement avec, particulièrement, la question des restrictions et réquisitions, qu’il s’agisse de denrées alimentaires, de bois, de charbon (notamment, en cette saison estivale, celui utilisé pour le battage), de sulfate de cuivre (pour utilisation agricole dans la vigne), d’essence, de gaz…

Sont annoncées les dates de réquisition par les services de ravitaillement (achat de bovins pour les besoins de l’armée à Castéra-Verduzan ; réquisition de laines dans les cantons d’Eauze et de Condom…) mais aussi les arrivées de marchandises (bois de chauffage à Nogaro, huile d’olive en provenance d’Italie, sucre pour les confitures…) pour lesquels les intéressés doivent contacter les maires de leurs communes ou la chambre de commerce. Il est également rappelé aux agriculteurs de ne pas oublier de faire les déclarations de récoltes (blé, orge, seigle, maïs, avoine) puis, fin août, de récolte de vendange.

De nombreux articles permettent de ressentir l’impact de la guerre sur le Gers. En premier lieu, bien sûr, les listes de soldats disparus ou prisonniers mais également les citations de gersois morts au combat, auxquels les communes adressent des messages émus : « félicitations à ce courageux poilu », « félicitations à nos braves qui font honneur à leur Patrie »…

On apprend aussi, le 10 juin, l’arrivée d’un nouveau convoi d’officiers allemands, à Auch, portant à 600 le nombre des prisonniers accueillis à la caserne. Courant juillet, deux tentatives d’évasion sont d’ailleurs évoquées, dont l’une devait se faire le 14, jour de la Fête nationale. La presse décrit la revue militaire, sur les Allées d’Etigny, à Auch, en ces termes : «  Elle a emprunté aux circonstances actuelles un caractère de gaieté et de simplicité ».

Des réunions sont organisées pour les familles de soldats disparus ou prisonniers (le samedi 11 août à la mairie d’Auch), les dates de paiement des allocations aux familles des soldats mobilisés sont annoncées (les 28 et 30 août pour le canton de Condom). A Condom toujours, le correspondant local ne manque pas d’humour : « Au cours du Conseil Municipal du mercredi 15 août, la municipalité est saisie d’une demande de frais de casernement des troupes. L’Etat demande 7 francs par homme et par an, et 3 par cheval, ce qui atteindrait la somme de 6000 francs. Si on ajoute que la commune a déjà dépensé 8000 francs pour le casernement, on voit que ce n’est pas pour rien que nous avons une garnison à Condom ! »

Ainsi, cette guerre pèse doublement sur les familles gasconnes qui paient un lourd tribu, à la fois matériel et humain. Car les soldats gersois continuent de se battre, d’être blessés, mutilés, tués sur le champ d’honneur. Une nouvelle bataille s’engage, en cet été 1917, dans le secteur de Verdun, déjà cruellement touché l’année précédente. Aucun régiment de gersois n’est à proprement parler engagé dans ce secteur mais les nouvelles mobilisations affectent les hommes là où il en manque, ce qui explique la centaine de disparition de soldats gersois autour de Verdun, dont une bonne vingtaine entre le 20 et le 25 août.

La victoire de Verdun

La victoire française de décembre 1916 avait avancé les lignes sur la rive droite de la Meuse mais laissait à l’ennemi quelques positions menaçantes sur la rive gauche. Pendant six mois, la région fut relativement calme mais, après l’accalmie du printemps, l’ennemi, profitant de l’avance de ses positions, rouvrit la bataille de Verdun.

Les mois de juin et juillet s’engagent dans des attaques et tentatives de coups de main de part et d’autre mais aucune action décisive ne se dessine. Le commandement français décide de mettre fin à ces fluctuations par une opération de grande envergure. Elle aura pour objet d’asseoir les positions au nord de Verdun, de part et d’autre de la Meuse.

L’attaque est lancée le 20 août. Au signal donné, les vagues d’assauts françaises s’élancent simultanément sur différents points stratégiques avec deux corps sur la rive gauche et deux sur la rive droite, sur un front d’environ 25 kilomètres. La bataille se poursuit jusqu’au 24 août. L’artillerie française poursuit ses tirs de destruction sur les puissantes organisations ennemies. Les lignes françaises sont soumises à un bombardement intense par obus toxiques, qui oblige les troupes à porter le masque contre les gaz.  Les combats se concluent par un grand succès français.

Désormais, sur la rive gauche de la Meuse, la ligne est assurée de positions solides. Mais sur la rive droite, l’ennemi n’accepte pas sa défaite ; il va continuer de lutter les jours suivants et même chercher (sans succès) à reprendre  le terrain perdu tout au long de l’automne. Ainsi, malgré quelques vaines réactions de l’ennemi, et quelques attaques spasmodiques qui se produiront encore en novembre, les journées du 20 au 24 août mettent un terme à la gigantesque bataille de Verdun, où s’affrontaient depuis dix-huit mois des soldats allemands et français. Au-delà de la victoire, il s’agit d’une atteinte irrémédiable portée au prestige des armées germaniques. La puissance militaire Allemande se donnait comme invincible aux yeux de l’univers : Verdun prouve au monde que cette force pouvait être vaincue sur le terrain même qu’elle avait choisi.

Si la Marne avait été le premier tournant de la guerre, Verdun apparaissait désormais comme le second, à l’horizon duquel la France commençait à apercevoir la fin du conflit. 

Portrait : Paul, Marcel DAVID

Paul, Marcel DAVID est né le 13 janvier 1892, à Castéra-Lectourois (canton de Lectoure), de Jean David et Pauline Manabera. Appartenant à la classe 1912, il est incorporé au 9ème Régiment d’Infanterie (casernement d’Agen), à compter du 10 octobre 1913. Il est mobilisé dès le début de la guerre, le 1er août 1914, et fait son baptême du feu quelques semaines plus tard, avec ses camarades agenais, à Bertrix. Il participe ensuite à la Bataille de la Marne puis se trouve sur le front de Champagne.

Il est blessé le 17 février 1915 à Perthes-les-Hurlus, par un éclat d’obus à la main et un coup de baïonnette au visage. Le régiment est ensuite envoyé en Artois et participe aux combats sanglants de Roclincourt, printemps 1915. L’année suivante, le 24 juin 1916, Paul David passe au 25ème Régiment d’Infanterie (casernement de Cherbourg) qu’il rejoint en Argonne avant de participer à la bataille de la Somme. Il est transféré une nouvelle fois vers un autre régiment et arrive le 28 mai 1917 au 332ème (casernement de Reims), alors cantonné en Champagne, au repos après de dures semaines de combats.

Début juin, le 332e régiment d’infanterie se porte du côté de Verdun. Du 27 juin au 14 juillet, il tient les tranchées puis, après un court repos dans la région de Bar le Duc, le 332ème monte en ligne pour l’attaque du 20 Août. Le régiment reste sur le champ de bataille pendant près d’une semaine avant d’être relevé le 29 août. Le bilan est effroyable : près de 115 soldats tués, une quarantaine de disparus et plus de 500 blessés, dont beaucoup ne survivront pas. Parmi eux, Paul David, touché le 25 août à son poste de combat par un éclat d’obus dans la région lombaire. Il est évacué et meurt à l’ambulance des suites de ses blessures. 

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