Il y a cent ans : 1917, des Gersois sur le Chemin des Dames

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À l’occasion du centenaire de la Première Guerre Mondiale, la Société archéologique du Gers et les écrivains publics du Gers se sont associés pour vous faire découvrir la chronologie des événements marquants de la Grande Guerre, tels qu’ils ont été vécus par les Gersois, au travers des grandes batailles qui l’ont émaillée. Chacun d’eux sera l’occasion d’un article qui en reprendra les grandes lignes et s’appuiera sur des portraits d’hommes, soldats gersois, morts ou disparus. L’idée de cette série est de leur rendre hommage pour, qu’à travers eux, le sacrifice de tous ceux de 14 ne soit pas emporté par l’oubli, même cent ans après. 

1917, des Gersois sur le Chemin des Dames

Bien que les nouvelles du Front ne soient guère réjouissantes, la vie se poursuit dans le Gers. Le rythme de la nature impose sa cadence : les semis de printemps, les potagers, les suivis de culture, les élevages et les naissances à surveiller. La vie sociale continue aussi, dans la mesure du possible, avec la tenue des foires et marchés ou les célébrations religieuses. De nombreuses réunions patriotiques sont également organisées dans les communes. On relève même, dans l’édition du dimanche 20 mai 1917 du journal L’Express du Midi, une séance de cinéma prévue pour le soir-même, au Café des Sports de Saint-Clar.

La vie continue, oui… mais elle n’est pas pour autant synonyme d’insouciance et de légèreté ! Partout, à tout moment, la terrible situation de la Guerre se rappelle au souvenir de chacun. Il en est ainsi de la pénurie alimentaire : les aliments sont toujours soumis à des taxes plus ou moins importantes. Le 10 mai, toujours dans L’Express du Midi, est annoncée la suppression de la taxation du beurre mais celle sur les fromages est maintenue ; le même jour, le prix de la farine subit une nouvelle augmentation même s’il est préconisé de limiter le prix du pain ; le 28 mai, à Auch, la nouvelle taxe sur les viandes est annoncée…

Il en est de même concernant le manque de main-d’œuvre, qui se fait toujours cruellement sentir. Le 28 avril, à Condom, la Coopérative de Meunerie Agricole annonce qu’elle suspend la fabrication de pains longs, en raison du manque de main d’œuvre et de la fermeture de plusieurs boulangeries de la ville. Les artisans ne sont pas les seules victimes de cette situation : le monde agricole peine lui aussi pour assurer les travaux. A tel point que, le 28 mai, un encart publié dans l’Express du Midi rappelle : « En raison des nombreux travaux agricoles, il est rappelé que certaines catégories de militaires blessés en traitement dans les hôpitaux peuvent être mis à la disposition des propriétaires. » En contrepartie, ces derniers sont tenus de remettre au soldat une prime journalière de travail de 1 francs ainsi que des vêtements de travail et de le nourrir convenablement.

Il est vrai que le département compte ainsi près d’une trentaine d’hôpitaux militaires soutenant l’accueil de soldats blessés ou convalescents. Et, dans chacun, des dizaines de bénévoles s’affairent pour soigner, soulager, encourager, soutenir et accompagner les hommes meurtris qui continuent d’arriver par wagons entiers.

Car la guerre, hélas, poursuit son sinistre ouvrage…

Une promenade en enfer 

Les combats du Chemin des Dames sont dans toutes les mémoires car c'est sans doute le théâtre d'un des drames les plus effroyables de la Première Guerre mondiale. Cette offensive française, lancée le 16 avril 1917 sur l'Aisne, aboutit à la perte de plus de 100 000 hommes en quelques jours, et cela sans résultat notable, sinon un petit gain de terrain et l'usure de l'ennemi. Héroïques, les unités engagées sur le champ de bataille se rendirent compte qu'elles avaient été envoyées au casse-pipe et que la percée promise par le général Nivelle, successeur de Joffre à la tête des armées françaises, était irréalisable, en raison des défenses allemandes imprenables et de l'inaptitude des moyens techniques français.

Dans ce secteur du Chemin des Dames à proprement parler, les Gersois engagés le sont dans des régiments très divers, sans lien avec la 17ème région militaire. Ainsi, la première offensive, entre le 16 et le 22 avril, compte 76 soldats tués ou décédés des suites de leurs blessures (dont 53 pour la seule journée du 16 avril). Une deuxième offensive, entre le 4 et le 15 mai, ajoute 28 noms à la liste des disparus.

Le total des pertes, concernant nos soldats Gersois, s’élève donc à 116 soldats Gersois tués sur le Chemin des dames, en ce printemps 1917.

Portrait : Raphaël Bernichan 

Raphaël, Jean-Marie, Gaston Bernichan est né le 24 octobre 1897 à Castex, dans le canton de Miélan, de Marcelin Bernichan et Zélie Fontan. Il fait partie de ces nombreux jeunes gersois mobilisé par anticipation, en janvier 1916 pour la classe 1917 qui concerne Raphaël. Il est donc âgé d’à peine 18 ans quand il est incorporé au sein du 96ème Régiment d’Infanterie, le 11 janvier 1916. Il intègre la caserne militaire de Béziers où il fait ses classes pendant plusieurs semaines. Il passe ensuite au 143ème RI (casernement de Carcassonne et Castelnaudary), à partir de 9 septembre de la même année, qu’il rejoint alors que le régiment cantonne en Argonne pour son baptême du feu.

Le 17 novembre, il est envoyé dans la Somme, au sein du 171ème RI de Belfort. Il participe avec ses camarades aux différents combats dans cette région, puis dans l’Aisne (janvier-février 1917). Le régiment rejoint le Chemin des Dames en avril, dès les premiers combats.

Raphaël est porté disparu le 5 mai 1917, à la ferme de La Royère, alors que démarre la deuxième offensive. Il est d’abord présumé prisonnier avant d’être déclaré décédé.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Castex-Miélan.

 

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